Éco-score : Démarche et objectifs de ces nouveaux indicateurs que vous allez voir (presque) partout, on vous dit tout !
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14 décembre 2023
- Dina Hayan - Temps de lecture : 2 min
Sur les emballages des produits que vous achetez, de nouveaux logos, comme l’Eco-score ou le Planet-score, forment un nouveau type d’affichage environnemental. S’il s’agit pour l’heure d’expérimentations concurrentes, viendra bientôt l’heure, en 2024, d’une harmonisation et d’un déploiement unique, à grande échelle de l’éco-score. Explications.
En 2024, un nouvel affichage environnemental, communément appelé Éco-score, doit être déployé sur les articles alimentaires en France. C’est la promesse faite par le Gouvernement qui entend ainsi, en toute transparence, apporter au consommateur des éléments d’informations fiables et faciles à comprendre sur l’impact environnemental des produits qu’il s’apprête à acheter. « Cet affichage lui permettra de devenir un consom’acteur en privilégiant les produits alimentaires qui sont bons pour la planète », plaide le ministère de l’Ecologie, en charge du projet.
Du côté de l’Ademe (Agence de la transition écologique), qui suit le dossier de près, on confirme le calendrier : « La mise en place d’un tel affichage réglementaire, dont le déploiement serait d’abord volontaire en 2024, est en préparation », indique une porte-parole. L’objectif de la démarche sera sans doute de s’appuyer sur des codes graphiques similaires à ceux du Nutri-Score, son pendant pour les qualités nutritionnelles. Il s’agirait donc de proposer, sur les packagings des articles, de manière bien visible, un système de notation, allant de A (très faible impact) à E (impact important).
Des expérimentations de l’éco-score pour trouver le meilleur dispositif
Pour se donner un maximum de chances de réussite, le Gouvernement a initié, depuis quelques années, diverses expérimentations en la matière (18 en tout pour les articles alimentaires) et il conviendra maintenant de déterminer le bon modèle à déployer. En lice : deux grands adversaires principaux qui, dans les rayons des hypermarchés et des supermarchés, se livrent un duel féroce. Planet-Score ? Eco-Score ? Cela vous dit quelque chose ? Ce sont les deux labels phare testés pour la notation environnementale des produits. Deux labels, tout ce qu’il y a de plus officiels et contrôlés, mais qui sont en concurrence l’un avec l’autre.
Tout commence en 2020 avec la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (dite loi Agec), qui entend mettre en place un indicateur de l’impact environnemental des aliments. Un an plus tard, la loi Climat et Résilience complète le dispositif en prévoyant de lancer des expérimentations, « pour une période maximale de cinq ans » avec, à la clé, un choix définitif effectué pour déployer un seul modèle de notation sur les emballages.
C’est ainsi que naissent l’Eco-score et le Planet-Score, courant 2021. Si les deux systèmes se basent sur un socle commun, celui de la base Agribalyse, établie par l’Ademe, ils s’en dissocient très largement dans l’utilisation qu’ils en font. Et c’est quasiment là une question sociétale, avec deux grilles de lecture complètement opposées.
Des bases de calcul solides pour l’éco-score… mais imparfaites
Le travail compilé par Agribalyse est colossal avec, comme point d’appui, l’analyse du cycle de vie des produits, baptisé ACV, basé sur 16 critères. Pour faire simple, il s’agit, comme son nom l’indique, de quantifier les impacts sur l’environnement d’un produit alimentaire tout au long de son cycle de vie, depuis sa production agricole jusqu’à son utilisation et à sa consommation, en passant par sa transformation, son emballage, son transport, etc.
Fruits, viande, farine, pizzas, biscuits, ce sont, en tout, plus de 2 500 aliments qui ont ainsi été passés au crible. Chacun a dûment été noté en fonction de cette méthode ACV et cela donne, par exemple, les résultats suivants : 0,07 pour la carotte crue, 0,14 pour son homologue cuite, mais 4,79 pour l’agneau cru. Vous l’aurez compris, plus la note obtenue est faible, mieux c’est…
Voilà pour la base qui, de par son approche scientifique, fait foi. Seulement, aussi sérieuse soit-elle, celle-ci demeure imparfaite. L’analyse du cycle de vie est ainsi difficilement capable de faire le distinguo entre les différents modes de production, intensifs ou extensifs. Ainsi, par exemple, parce qu’un poulet élevé en plein air requiert plus d’espace pour se développer qu’une volaille en batterie, le premier sera moins bien noté que le second. D’où la nécessité d’y introduire des éléments complémentaires, pour coller au plus près du réel impact environnemental. C’est ce qui explique la coexistence de ces labels multiples, chacun étant destiné à tester différents paramètres pour permettre ensuite aux pouvoirs publics de repérer les plus efficaces et les plus pertinents.
Planet-score ou Eco-score, qu’est-ce qui les différencie ?
Planet-Score, valorise davantage les démarches extensives et bio, en prenant en compte les enjeux liés à la biodiversité, à l’utilisation ou non de pesticides, aux préjudices engendrés sur le climat et, enfin, au mode d’élevage. Ces quatre éléments sont d’ailleurs spécifiquement repris, avec un classement particulier, en plus de la note globale, de A à E. Il a pour partisans l’UFC-Que Choisir, France Nature Environnement, Agir pour l’environnement ou encore Générations Futures. Et il revendique d’être apposé sur les packagings de plus de 135 000 produits parmi les plus connus, comme les poulets Loué par exemple.
Eco-Score, de son côté, veut garder une note et une seule, pour un maximum de clarté aux yeux du consommateur. Pour faire son calcul, il intègre à la note de l’ACV un système de bonus/malus suivant plusieurs critères complémentaires : les systèmes de production (y a-t-il des labels particuliers : bio, protection de la forêt, etc. ?), le sourcing des matières premières (est-ce un approvisionnement local ?) ou encore les enjeux environnementaux (préservation des eaux, de l’air, des sols, des ressources et de la santé humaine, etc.). Il est soutenu par Yuka, Open Foods Facts, Eco2 Initiative, Marmiton, Etiquettable, Seazon, etc. et assure être présent sur plus de 400 000 références.
Affichage environnemental : l’éco beauty score, un éco-score pour le textile et la cosmétique
En plus des marchés alimentaires, d’autres secteurs sont également concernés par ces dispositifs d’affichage environnemental. C’est le cas du textile, l’une des activités les plus émettrices de gaz à effet de serre dans le monde. Avec le même calendrier que pour l’alimentaire, soit pour 2024, chaque article de mode mis en vente en France devra afficher une étiquette environnementale (ou éco-score textile) qui donnera aux acheteurs toutes les informations nécessaires pour faire leur choix en toute connaissance de cause. Depuis la loi Agec de 2020, 11 expérimentations ont été menées et il va maintenant falloir choisir le meilleur dispositif.
L’idée sera, là aussi, de disposer d’une note et d’un code couleur, du vert au rouge ; note qui sera modulée en fonction de huit critères de base : la consommation d’eau, la durabilité des produits, les conditions de fabrication, l’utilisation de pesticides ou de produits chimiques, les rejets de microplastiques, la valorisation des matières recyclées, la valorisation des textiles reconditionnés et l’impact de la fast fashion.
Sur les marchés de la beauté et de la cosmétique, les phases d’expérimentations battent encore leur plein avec deux grands modèles en concurrence : l’éco-beauty score d’un côté, qui rassemble 36 acteurs internationaux du secteur, parmi lesquels L’Oréal, Henkel, LVMH ou Unilever, le Green Impact Index de l’autre, soutenu par des groupes comme Pierre-Fabre, Rocher, Léa Nature ou encore Arkopharma. Là encore, il s’agira, au terme des tests menés, de déterminer le meilleur dispositif.