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Chloé Nabédian (À la Vie, à la Terre) : « Nous autres, simples citoyens, pouvons beaucoup… »

17 avril 2024 - Estelle Papillon - Temps de lecture : 5 min

Plenitude - énergie et écologie

Chloé Nabédian, après avoir longtemps présenté les bulletins météo sur France 2, s’est maintenant lancée dans le reportage, avec son émission À la Vie, à la Terre, diffusée sur TV5 Monde. Cette journaliste de 38 ans y déploie toute son énergie pour mettre en lumière les hommes et les femmes qui, partout dans le monde, se battent contre les effets du réchauffement climatique. Rencontre éclairante avec une femme passionnée.

Petite fille à Labastide-Rouairoux, dans le Tarn, puis à Toulouse, où vous grandissez, quel était votre rapport à la nature ?

Chloé Nabédian - À Labastide-Rouairoux, petit village de 1500 habitants entouré de champs et de forêts, cela se faisait de manière très naturelle : on grandissait au contact direct de la nature. Plus tard, à Toulouse, l’environnement était plus urbain et toutes ces questions autour du climat ne se posaient pas comme aujourd’hui : les saisons et les températures étaient normales. La prise de conscience est venue plus tard, au fur et à mesure des années et du fait de mon travail. Quand on présente la météo, on est en effet très vite confronté à des événements extrêmes et à des météos déréglées. Cela a été la première alerte, je crois. L’autre élément essentiel a été, pour moi, le déroulement de la Cop 21 en 2015, à Paris. Et pas que pour moi, d’ailleurs. C’est à partir de ce moment que l’on a réellement commencé à parler du réchauffement climatique et de ses enjeux. Avant cela, je caricature à peine, mais quand il faisait chaud, tout le monde trouvait cela plutôt sympa. La Cop 21 a permis d’inscrire dans les esprits que non, ce n’était pas normal et que non, surtout, ce n’était pas sympa.

Pour alerter sur le réchauffement climatique, vous dites que le discours catastrophiste est un repoussoir et vous plaidez pour une voie médiane, celle du témoignage et de la preuve par l’exemple. C’est cet état d’esprit qui vous anime ?

Chloé Nabédian – Il y a une réalité, que l’on ne peut pas nier : la France, à l’image de bien d’autres pays dans le monde, est maintenant directement impactée, et ce n’était pas le cas, à ce point-là en tout cas, il y a dix ans. Regardez ce qu’il s’est passé dans les Hauts-de-France avec les inondations à répétition, regardez la sécheresse dans les Pyrénées-Orientales… Les catastrophes naturelles se multiplient. Le changement climatique est bien en cours et nous le subissons de plein fouet. La politique de l’autruche, caractérisée par les climatosceptiques, est donc un parfait non-sens. À l’inverse, quand la prise de conscience de l’urgence de la situation génère de l’anxiété, je la comprends, mais je trouve cela dommage. Nous devons, collectivement, amorcer un changement de société. Ce n’est pas facile, cela demande du temps et, comme toutes les phases de transition, c’est parfois douloureux, mais moi ce que je veux mettre en avant, ce sont aussi les choses positives. C’est presque comme une phase de deuil, finalement : le monde d’avant, tel qu’on l’a connu, n’existera plus et ne doit plus exister si l’on veut enrayer la mécanique du réchauffement climatique. C’est comme ça. Et pour l’accepter, pour contrer le choc que cela peut générer, il faut se mettre dans l’action. C’est seulement ainsi que l’on peut être utile.

C’est comme cela qu’est né le projet de votre émission sur TV5 Monde, À la Vie, à la Terre ?

Chloé Nabédian - Oui. TV5 Monde, avec son PDG, Yves Bigot, et sa directrice de l’information, Françoise Joly, avait le projet de développer un magazine sur l’environnement. Ils m’ont contactée pour travailler avec eux et incarner ce programme, en lien avec les équipes de Babel Doc, qui coproduit les émissions. J’ai évidemment tout de suite accepté, tant l’opportunité était formidable. Cela correspond parfaitement à mes convictions et mes envies : l’idée est, partout où nous nous rendons, de mettre en avant des solutions qui fonctionnent en montrant des actions très concrètes que l’on peut dupliquer partout. Le monde entier est confronté à des problèmes liés au manque d’eau, à l’érosion, au logement, etc. Et chacun a beaucoup à apprendre des solutions imaginées par les autres, ailleurs. Si en Suisse, au Québec, au Cameroun, au Congo, au Maroc ou encore au Sénégal, le constat est terrible, avec un réchauffement climatique bien réel, il y a, partout, des gens qui se battent, qui ne baissent pas les bras et qui agissent. Notre ambition est de les mettre en pleine lumière, eux et les actions très concrètes qu’ils mènent. Et de ces gens extraordinaires, il y en a aussi en France, bien sûr : des maires, des chefs d’entreprise, des agriculteurs, des citoyens comme vous et moi qui changent leur mode de vie. Je crois beaucoup au changement qui vient du monde « d’en bas »… puisque celui « d’en haut » n’est pas toujours au rendez-vous.

Quelles sont les solutions que vous voyez émerger de vos différents reportages ?

Chloé Nabédian – Ce qui ressort de toutes les émissions, mais alors vraiment toutes, c’est un retour aux pratiques ancestrales. Mais, attention, pas dans le sens d’une régression sociétale ou d’un moindre confort de vie, mais du fait d’un retour au bon sens des anciens, plutôt. Les gens se rendent compte que nos sociétés se sont développées d’une manière qui va contre la nature qui nous entoure et qu’il est complètement illusoire de chercher à aller contre elle. Construire des maisons en béton en Afrique, quand il fait 45 ou 50 degrés, c’est un non-sens. Construire dans des zones inondables, c’en est un autre… Jamais les anciens n’avaient construit dans de telles zones et ce n’est évidemment pas pour rien. Partout, je note la redécouverte d’un bon sens que l’on avait perdu au gré d’un ultra développement que l’on croyait, à tort, plus fort que tout et, surtout, plus fort que les éléments. Le deuxième point très marquant, c’est que ce changement climatique, à l’œuvre, touche essentiellement les enfants. Ce sont les plus fragiles et c’est terrible à voir. Cela doit tous nous inciter à changer de manière de penser et de faire.

Dans votre vie quotidienne, justement, qu’est-ce que vous avez changé dans vos habitudes ?

Chloé Nabédian – Il n’y a pas eu de changement radical et immédiat mais j’ai beaucoup réduit ma consommation de viande rouge, par exemple. Je n’en mange plus qu’une fois par semaine peut-être, voire une fois toutes les deux semaines. J’habite en ville, alors je n’utilise quasiment plus ma voiture, pour privilégier les transports en commun et le vélo. À la maison, comme nous adorons cuisiner, nous n’achetons pratiquement plus de produits transformés. Cela permet de réduire nos emballages. C’est ce genre de choses que nous mettons en pratique. Rien de bien radical, mais c’est important. Surtout que cela n’enlève rien à notre qualité de vie, bien au contraire. Encore une fois, même si beaucoup de choses se jouent à l’échelle macro, je crois aux vertus de cette révolution silencieuse, qui vient des citoyens. Et, à ce titre, pour encourager chacun à se rendre compte de ce que peut être son bilan carbone, j’incite tout le monde à se rendre sur le site nosgestesclimat.fr : en dix minutes chrono, via un test très bien fait, vous obtiendrez votre résultat et, surtout, des conseils pour le réduire.

Plenitude - énergie et écologie

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