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Il y a des « villages abandonnés », et des projets d’aménagement du territoire pour les sauver

15 décembre 2023 - Julie Hervault - Temps de lecture : 4 min

Plenitude, Énergie, Électricité, Il y a des villages abandonnés, et des projets daménagement du territoire pour les sauver

L’aménagement des territoires en zones rurales donne la part belle aux initiatives citoyennes. Exemple avec le mouvement Bouge ton Coq, qui promeut un développement équilibré et durable en aidant à l’ouverture d’épiceries participatives et de centres de santé.

Une initiative citoyenne : Bouge ton Coq

Parce qu’aujourd’hui 62 % des villages en France ne disposent plus d’aucun commerce, soit plus de 21 000 communes. Parce que cette proportion n’était que de 25 % en 1980… Parce que « vivre à la campagne » incarne pour plus de 80 % des Français un mode de vie idéal, mais que le déficit de services publics et de commerces est le principal frein identifié pour s’y installer (c’est vrai pour 70 % des Français, selon un sondage réalisé par l’Ifop pour Familles rurales)… Pour toutes ces raisons, les frères Brochot, Christophe et Emmanuel, avec Corentin Emery, ont eu l’idée de Bouge ton Coq, acteur clé de la transformation et de l’aménagement des territoires.

L’idée de leur projet de territoire, justement ? Participer à dynamiser les territoires ruraux en aidant à la création d’épiceries participatives partout en France. « Notre mouvement a été créé en 2020 pour fédérer, autant que possible, les différentes initiatives d’épiceries participatives qui, déjà, existaient auparavant. Notre rôle, au sein de Bouge ton Coq, est d’identifier les solutions citoyennes mises en application, puis de les faire essaimer partout où c’est possible, afin de remettre des services de proximité dans les villages. Nous accompagnons les porteurs de projet qui se manifestent à nous en leur apportant un soutien financier et opérationnel pour qu’ils puissent se lancer et ouvrir un commerce », explique Corentin Emery.

Des prix 20 à 30 % moins chers que dans les commerces traditionnels de quoi inciter à l’ouverture de ces projets de territoires

À date, l’initiative territoire et développement Bouge ton Coq a ainsi déjà participé à l’ouverture de 150 épiceries partout en France, « avec une présence dans 65 départements », indique Corentin Emery. Une salve d’une centaine d’autres est à venir dans les mois à venir et la volonté affichée est, désormais, « de tabler sur un rythme de 200 ouvertures par an » afin de contribuer à l’aménagement du territoire et lutter contre ce symptôme des « villages abandonnés ». Et si cela va si vite, c’est que le succès est au rendez-vous.

Toutes les épiceries inaugurées sont toujours là, fonctionnelles et surtout… utiles. « Maintenant, nous visons les 2000 épiceries dans un laps de temps le plus court possible. C’est pour nous très réalisable dans le sens où chaque ouverture fait rapidement boule de neige, avec les villages voisins qui trouvent l’idée excellente et qui entrent en action pour ouvrir la leur », témoigne Corentin Emery.

Si c’est viable, économiquement ? La clé de la réussite est justement que Bouge ton Coq peut s’affranchir de ces considérations puisqu’il s’agit d’un mouvement associatif, à but non lucratif. Ces épiceries solidaires n’ont donc pas pour vocation à dégager des bénéfices. « Ce sont des épiceries comme toutes les autres, à ceci près que le local est prêté par la mairie et qu’il n’y a aucun salarié puisque ce sont des bénévoles qui animent les boutiques », précise Corentin Emery.

En clair, il n’y a que les factures d’eau, d’électricité, de chauffage et l’assurance à régler. Cela permet de limiter les coûts fixes au maximum et, donc, de pouvoir ensuite vendre les articles à prix coûtant, sans marge. Donc très peu chers. Un double bénéfice à la clé, en somme : il y a de nouveau un commerce dans le village et, en plus, ses prix sont ultra-compétitifs : 20 % à 30 % moins chers que dans le circuit commercial habituel, en moyenne.

Des bénévoles pour faire « tourner » les boutiques solidaires

De quoi comprendre que le mouvement Bouge ton Coq fasse rapidement des petits. « Les initiatives naissent pour moitié des maires et pour moitié des citoyens eux-mêmes, il n’y a pas vraiment de règles, c’est suivant les bonnes volontés qui se manifestent. Les épiceries sont implantées dans des bourgs qui, en moyenne, regroupent entre 800 et 1000 habitants. Pour les ouvrir, à partir de 20 m² à 30 m² d’espace de vente, nous pouvons faire quelque chose qui tienne la route », indique Corentin Emery.

Le seul impératif, en réalité, concerne le nombre de bénévoles pour faire tourner les boutiques. « À partir de 20 adhérents, c’est viable et, en moyenne, nous en avons 50 pour chaque épicerie. Le principe de fonctionnement est simple : il est demandé de donner au minimum deux heures de son temps par mois. » Ces contraintes, très limitées, peuvent en rebuter quelques-uns mais, assure Corentin Emery, « nous n’avons généralement aucune difficulté à trouver des volontaires. Les gens sont plutôt ravis d’apporter leur pierre à l’édifice, car c’est remettre du lien social au cœur des villages ».

2000 euros pour ouvrir une épicerie solidaire

Les approvisionnements, quand c’est possible, sont locaux et en circuit court, passés auprès de grossistes spécialisés. Pour le chocolat ou le café, évidemment, c’est impossible mais 75 % des produits référencés sont ainsi issus de circuits courts. Le mouvement Bouge ton Coq aide à la mise en contact avec ces professionnels, comme il aide tout au long de la vie de ces épiceries. Dans la phase amont, avant l’ouverture, il accompagne sur le plan administratif, pour toutes les démarches d’enregistrement et via, aussi, une subvention de départ de 1100 euros, destinée à couvrir en grande partie les frais d’installation (peinture, aménagement de la boutique, etc.).

Enfin, Bouge ton Coq met gratuitement à disposition des épiceries un logiciel de gestion et aide à la formation de son utilisation. Bientôt, dans un développement futur, il s’agira de pouvoir lier toutes ces épiceries les unes avec les autres via un système intranet qui permettra d’échanger sur les bonnes pratiques et de les faire circuler encore plus rapidement. Et finalement, grâce à tous ces rouages mis en place, avec simplement 2000 euros il est possible d’ouvrir une épicerie… et de faire revivre un village. Un projet d’aménagement du territoire qui marche ! Quant au mouvement Bouge ton Coq, son financement provient à 50/50 de mécénat d’entreprises et de subventions publiques ; aucun système de redevances ou quoi que ce soit d’autre de la part des épiceries aidées et accompagnées.

Et maintenant, les centres de santé ?

Si un village sans commerce est un village qui perd en attractivité, que dire, alors, d’un village sans médecins ? Après les épiceries solidaires, le mouvement Bouge ton Coq poursuit sa contribution à l’aménagement des territoires et s’attaque maintenant aux déserts médicaux en installant des centres de santé, l’idée étant de promouvoir un développement équilibré et durable des territoires. Deux ont déjà ouvert dans le département de la Creuse en cette année 2023 : un à Ajain, près de Guéret, commune de 1129 habitants, et un à Bellegarde-en-Marche, près d’Aubusson, qui compte à peine 400 âmes. Le principe ? Puisqu’il est assez illusoire de demander à un médecin de venir s’installer en zone rurale toute sa carrière durant, il s’agit de regrouper un « pool » de médecins qui, chacun, vont accepter d’être détachés pendant une semaine dans le centre de santé en question. « Ainsi, à défaut d’un médecin de famille, les habitants de ces zones rurales obtiennent une famille de médecins », résume Corentin Emery, cofondateur, en 2020, du mouvement Bouge ton Coq. Un troisième centre est attendu dans le Cher, début 2024, avant un déploiement plus rapide ensuite. « Notre volonté est d’ouvrir cinq centres de santé par an », soutient Corentin Emery.

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