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Connaissez-vous vraiment l’impact des usages numériques sur l’environnement ?

16 septembre 2021 - Cliona Le Gall - Temps de lecture : 2 min

Plenitude, Énergie, Électricité, Connaissez-vous vraiment l-impact des usages numériques sur l-environnement

Quel est l’impact des usages du numérique sur l’environnement ? Françoise Berthoud, ingénieure de recherche au CNRS et experte des impacts environnementaux du numérique fait le point sur l’empreinte carbone des nouvelles technologies.

Vous militez pour une informatique plus verte : à votre niveau, comment s’est passée la prise de conscience environnementale face au numérique ?

Françoise Berthoud : J’ai travaillé pendant plus de 20 ans dans l’informatique, en tant qu’ingénieure en système et réseaux. Je m’occupais des serveurs de calculs d’une équipe de recherche. En 2005, j’ai constaté que les chercheurs, qui avaient des subventions annuelles d’un même montant, pouvaient chaque année acheter de plus en plus de machines, de plus en plus performantes. Je me retrouvais face à des équipements de plus en plus consommateurs, et cela a eu l’effet d’un déclic. À ce rythme, on allait forcément rencontrer un problème de ressources. Mon objet d’étude porte sur les impacts environnementaux négatifs du numérique ; d’autres chercheurs travaillent sur ses aspects positifs de manière plus ciblés : comment utiliser le numérique pour réduire les gaz à effets de serre liés à la mobilité, liés au bâtiment, à la production d’énergie par exemple.

Quel est votre message aujourd’hui sur l’impact environnemental de l’informatique ?

Françoise Berthoud : Il faut voir les choses en face, on ne peut pas continuer comme cela. Le secteur du numérique est emblématique, non seulement il sature nos vies mais derrière chaque clic ce sont des pollutions. Aujourd’hui, 4 % des émissions de gaz à effet de serre sont liées au numérique. En parler permet de s’attaquer à des sujets bien plus généraux liés à l’exploitation des métaux spécifiques, à la surconsommation, à l’obsolescence, ou même à l’addiction aux écrans par exemple. 

 

citationCe que l’on peut tous faire, chacun à son niveau, c’est augmenter la durée de vie des équipements

 

Pour vous, quel est l’exemple type ?

Françoise Berthoud : Il y a toujours des gens qui me disent « les mails ça fait quand même 20 g de CO₂ par envoi ». Mais quel que soit leur poids, ce n’est pas tant leur empreinte carbone qui pose un problème, ils sont parfois très utiles, évitent parfois des transports carbonés, etc. En revanche, leur usage est symptomatique d’un mode de fonctionnement où tout doit aller plus vite, où l’on est saturé d’informations. Réduire la quantité de mails c’est important non pas pour limiter les gaz à effets de serre tant c’est marginal, mais pour nous reconnecter à ce qui est vraiment important. En commençant par nous reconnecter aux autres, à la nature et par prendre plus de temps pour nous. Et j’aurais pu dire la même chose pour les autres outils d’échange !

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Portrait de Françoise Berthoud, ingénieure de recherche au CNRS

Vous avez le sentiment que l’on ne fait pas assez ?

Françoise Berthoud : Ce qu’on peut tous faire, chacun à notre niveau, c’est augmenter la durée de vie des équipements, ne pas acheter du neuf simplement « pour acheter du neuf ». Et acheter moins d’équipements. Mais en même temps, on sait aujourd’hui que cela ne suffit pas. Une part de plus en plus importante de Français achètent des téléphones d’occasion... mais c’est bien souvent déjà leur deuxième téléphone. C’est donc bien nos comportements d’une manière globale qu’il faut changer, pas uniquement notre rapport aux nouvelles technologies. Ces conseils, comme réduire le nombre d’équipements électroniques et les garder plus longtemps, le bon sens nous pousse à les appliquer à d’autres domaines : aux vêtements que l’on achète, aux voitures, etc.

Revenons aux nouvelles technologies : y a-t-il des signaux positifs ?

Françoise Berthoud : Des frémissements, il y en a malgré tout. Les data-centers, qui certes ne représentent pas une énorme part des 4 % d’émissions totales, ont fait des progrès impressionnants au niveau de leurs systèmes de refroidissement, très gourmands en énergie. À volume de données traitées, ils consomment beaucoup moins qu’il y a quelques années. Problème, le nombre de données a lui explosé et donc l’impact environnemental des data-centers n’a pas diminué, au contraire ! Pareil pour le plastique recyclé utilisé par les constructeurs : l’augmentation de leur usage est encourageante, mais les efforts au niveau de l’éco-conception ne sont pas suffisants, ce qui fait qu’il n’est pas toujours facile de recycler les appareils en fin de vie. Bien sûr, l’impact positif des nouvelles technologies est parfois à noter, je pense à la meilleure gestion de l’énergie. Gérer de multiples sources d’énergie sans utiliser le numérique ce ne serait pas possible ! Mais l’essentiel du numérique est surtout mis au service de l’accélération du fonctionnement de nos sociétés, ce qui va complètement à l’encontre d’une réduction de nos impacts environnementaux et sociaux !

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