Johann Gis : « Oui, il est possible de produire une nourriture saine et naturelle »

Vous vous efforcez de promouvoir les vertus d’une nourriture naturelle et saine. Comment cela vous est venu ?

Johann Gis : Je suis né de la terre. Aussi loin que l’on puisse remonter, je suis issu d’une famille d’agriculteurs. C’est vrai sur au moins trois générations, peut-être même plus ! Je suis né dans une petite commune, à La Farlède, dans le département du Var. Mes parents s’y sont d’abord installés dans une petite cabane de paysan, qui était là depuis toujours, avant de faire construire leur maison. J’ai littéralement failli naître au milieu des champs et, en tout cas, aussi loin que mes souvenirs remontent, j’ai toujours eu les mains dans la terre. Je me souviens que dans ma chambre d’enfant, en plus des posters de footballeurs, il y en avait aussi de grands botanistes ou agronomes français. J’étais passionné par mes terrariums et mes vivariums, je regardais évoluer les plantes, les insectes, je collectionnais les minéraux. C’est bien simple, dans ma chambre, c’était rempli en permanence d’insectes qui volaient ou qui rampaient, et moi j’adorais les observer et les regarder vivre. Plus tard, j’ai passé mon stage de 3 eme dans une pépinière. J’ai trouvé ça génial et, dès lors, c’était pour moi une certitude qu’un jour j’allais créer une entreprise en rapport avec la terre et le vivant.  

Outre vos études en agronomie et en botanique, vous avez aussi beaucoup voyagé pour parfaire vos connaissances sur le sujet. C’était important, pour vous, de chercher à découvrir d’autres cultures, d’autres manières de faire ?

Johann Gis : C’était primordial ! D’abord parce que c’est une ouverture intellectuelle extraordinaire que de s’ouvrir à d’autres cultures. Ensuite parce qu’en France, il y avait, et il y a toujours, un grand retard en matière d’herboristerie et d’agriculture biologique. Je suis d’abord parti au Canada, en 2014, avec ma compagne et, un jour, alors que nous arpentions l’Amérique du Nord et centrale à pied, je suis tombé sur le livre La Révolution d’un seul brin de paille, du JaponaisMasanobu Fukuoka, pionnier de l’agriculture naturelle dans le monde. Ce fut pour moi une lecture clairement fondatrice. J’avais passé la moitié de ma vie à étudier, mais je n’avais jamais entendu le mot même de permaculture. Le déclic a été immédiat. J’ai pleinement compris à ce moment-là ce que je voulais faire de ma vie, et comment. 

Fin 2019, début 2020, vous revenez pour de bon en France en rachetant cette fameuse maison de La Farlède, où vous êtes né, et vous commencez à y appliquer les principes de permaculture qui vous tiennent tant à cœur…

Johann Gis : Exactement. Et, dans la foulée, je crée mon compte Instagram, sans évidemment penser une seule seconde qu’il allait prendre une telle ampleur. À l’époque, il n’y avait aucun compte en français qui parlait de permaculture, de bio et d’autonomie alimentaire. C’était cela, ma première motivation : combler ce manque, à ma modeste échelle. Et puis le Covid est passé par là. Ce discours consistant à montrer qu’il est possible de produire une nourriture saine et naturelle qui respecte les humains et la Terre, est soudain devenu plus porteur. En un an, nous sommes passés de 7 abonnés à 9 000, puis de 10 000 à 100 000 en l’espace de trois à quatre mois seulement. À partir de là, les choses se sont enchaînées rapidement. Des éditeurs sont venus à moi pour préparer un livre. Il est paru sous le titre Stratégie anti-bestioles 100 % naturel au jardin, en 2021. Deux autres ont suivi,Permaculture, la bible pour débuter, etConservation, la bible pour réussir, en 2022 et 2023. On m’a aussi contacté pour donner des conférences et partager ma passion et mon expertise. C’est que je cherche à faire depuis, jour après jour, à la fois via mes posts, sur les réseaux sociaux, mais aussi via mon site, permacultureaujardin.com, les stages ou encore les webinaires, que je propose désormais, à un tout petit prix pour être accessible à tout le monde.  

Ces webinaires, c’est votre dernier projet en date. Qu’est-ce que vous avez en tête avec et qui sont les personnes qui se montrent intéressées ?

Johann Gis : L’idée, avec les webinaires, est de proposer une conférence d’1h30 pour passer en revue toutes les tâches à accomplir, mois par mois, pour réussir son entrée dans la permaculture, aussi bien dans son jardin, bien sûr, mais même aussi sur son balcon, via de simples jardinières. Car c’est aussi cela qui est formidable avec le principe de la permaculture : c’est bien sûr faisable dans de banales jardinières, à condition de savoir s’y prendre évidemment. Il suffit de connaître les bonnes bases. C’est ce que je m’évertue à partager à ceux qui le veulent. Nous sommes d’ailleurs, à La Farlède, et ce depuis 2019, le premier centre de formation agréé en permaculture en France et certifié par le ministère de l’Agriculture. C’est peut-être l’une des mes plus grandes fiertés. Quant à ceux qui se montrent intéressés, c’est encore très massivement des femmes, généralement actives, avec des enfants et qui, surtout, sont sensibles aux sujets environnementaux et au désastre écologique à l’œuvre. Il y a beaucoup d’urbains, aussi, qui voudraient pouvoir quitter les villes et revenir à la campagne pour y vivre plus sereinement, en adéquation avec la nature. Cela tombe bien, c’est exactement ce que promeut la permaculture.