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Consommation responsable : pourquoi tout le monde se met au vrac ?

12 janvier 2024 - Dina Hayan - Temps de lecture : 4 min

Plenitude, Énergie, Consommation responsable et vrac

Parmi les nouveaux modèles de consommation éco-responsable émergents ces dernières années figure la vente de produits en vrac. Générant moins d’emballage et donc moins de déchets, le vrac devrait pouvoir s’installer durablement dans les habitudes de consommation responsable des Français.

La vente en vrac a tout pour elle. Et il n’y a aucune raison pour que ce nouveau modèle de consommation responsable, encore émergent et balbutiant, ne devienne pas le marché gagnant des années à venir. À date, le marché est tout petit encore, avec ses 850 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022, mais ses ambitions sont fortes. Et ses atouts sont nombreux, ce marché étant porté par le désir d’une consommation alimentaire responsable.

Défini par le Code de la consommation comme étant « la vente au consommateur de produits présentés sans emballage, en quantité choisie par le consommateur, dans des contenants réemployables ou réutilisables », le vrac ne s’inscrit-il pas dans une démarche « zéro déchet » et anti-gaspillage parfaitement dans l’ère du temps ?

En 2030, 20 % d’espaces dédiés au vrac par magasin minimum

Le vrac, parmi d’autres nouveaux modes de consommation responsable, est, de plus, porté par le cadre législatif qui, avec la loi Agec de 2020 (loi anti-gaspillage pour une économie circulaire), fixe un cap très ambitieux, à atteindre dès le 1er janvier 2030 : à cette date, tous les magasins de plus de 400 m², en France, devront consacrer « au moins 20 % de leur surface de vente de produits de grande consommation à la vente de produits présentés sans emballage primaire ».

Pour être très clair, ayons en tête que ces 400 m² représentent généralement la taille d’un grand Carrefour City ou d’un grand magasin Franprix par exemple, quand la surface moyenne d’un U Express dépasse, elle, les 800 m². Autant dire qu’avec cette obligation légale, le vrac est voué à se démocratiser à vitesse grand V : on en trouvera en effet obligatoirement dans quelque 8 600 magasins partout en France, 2 600 hypermarchés et 6 000 supermarchés.

Tout le monde est concerné par ces nouveaux modes de consommation

Associer le vrac à une consommation « bobo », un brin élitiste, est une idée reçue, tant elle est fausse depuis toujours. Les clients du vrac ressemblent furieusement à « monsieur et madame tout le monde », si l’on en croit une étude menée par le cabinet Nielsen, en 2022 : 40 % de ses consommateurs habitent en zones rurales ou dans des villes de moins de 20 000 habitants, 53 % d’entre eux ont plus de 50 ans et 31 % sont des retraités. Et, évidemment, on est loin de la caricature du « mangeur de graine », comme le souligne le magazine Capital.

Si, parmi les produits plébiscités en vrac figurent certes les fruits oléagineux, comme les noisettes ou les amandes (63 %), tout comme les fruits secs (56 %), les légumineuses (37 %) ou les graines (35 %), les produits d’épicerie plus traditionnels, comme le riz (31 %), les céréales (30 %) ou les pâtes (30 %) figurent en très bonne place, relève l’étude de Nielsen.

La consommation alimentaire responsable est-elle plus chère ?

Tester le vrac, c’est généralement l’adopter. Ceux qui ont déjà franchi le pas avancent deux arguments principaux, selon une étude menée par YouGov : réduire les déchets d’emballages (55 %) et limiter le gaspillage (50 %). Quels sont les avantages de la vente en vrac ? Le grand avantage du vrac, en effet, outre le fait de se passer d’emballages superflus, réside dans le contrôle des quantités achetées.

Son grand inconvénient, en revanche, tient à l’image qui colle à la peau du secteur : il est vu comme trop cher. Là encore, c’est une idée fausse. Le prix dépend de la qualité proposée, comme pour les produits emballés et, en réalité, à produit égal, le vrac est moins cher. Chez Carrefour, le décrochage prix oscille entre 5 % et 15 %, quand il est, chez Franprix, de l’ordre de 3 % à 5 %. Ce qui donne cette impression de surcoût tient donc aux références mises en avant : souvent du bio et/ou des produits labellisés, par définition plus chères.

Une traçabilité et des contrôles réguliers

L’autre frein à la consommation de produits vendus en vrac, apparu avec la pandémie de Covid, tient aux considérations sanitaires, avec la crainte que ce ne soit pas hygiénique. Là encore, c’est faux. Le vrac, comme tout autre produit de grande consommation vendu en France, est soumis à des règles de traçabilité et d’hygiène très strictes, ainsi qu’à des contrôles réguliers pour éviter tout risque de contamination par des mites alimentaires, ce qui est encore l’une des craintes principales évoquées par les Français.

Tous les bacs, dans les bonnes maisons vendant du vrac, sont évidemment nettoyés et contrôlés. Bref, il n’y a aucun danger. Même chose avec les risques de mélanges, qui peuvent toujours effrayer les clients : dans les magasins bien organisés, tout est fait pour les éviter. « Il y a un vrai besoin d’accompagnement pour mettre en application de bonnes pratiques, explique au magazine professionnel LSA Célia Rennesson, directrice de l’association Réseau vrac et réemploi ». La professionnalisation des usages que nous avons mise en place et nos guides métiers aident à lever ces freins. » Cela va du nettoyage des contenants à une bonne prévision du stockage et au placement des produits pour éviter les migrations et les mélanges.

Comment consommer responsable ?

Favoriser des réflexes de consommation responsable, des mesures d’autant plus importantes à l’heure où les clients, en ces périodes de crise du pouvoir d’achat, ont tendance à aller au plus simple et à ce qu’ils croient le moins cher. Il y a donc très clairement un grand travail de pédagogie à mener, mais il en vaut la peine et le vrac a très clairement de solides arguments à avancer pour emporter l’adhésion du plus grand nombre. Avec le secteur de l’énergie, le secteur alimentaire est un levier important dans lequel l’engagement pour l’écologie est à la portée de tous…

Le seul effort qu’il demande, et qu’il demandera toujours, est de bien évidemment apporter soi-même ses propres contenants. C’est plus fastidieux, c’est vrai, que de faire ses courses classiquement. Mais c’est bon pour la planète et c’est bon pour le porte-monnaie. Le maître-mot, pour tous les consommateurs, doit être : n’ayez pas peur. Il faut s’enlever de la tête que c’est compliqué. C’est d’ailleurs en réalité tout simple : peser à vide pour faire la tare, remplir puis peser à nouveau en choisissant la bonne référence, comme vous avez l’habitude de le faire pour vos fruits et légumes. Rien de plus, rien de moins.

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