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Magasin vrac : tout savoir sur ce nouveau mode de consommation

11 janvier 2024 - Marjorie Beraut - Temps de lecture : 3 min

Plenitude, Énergie, Écologie - Magasin Vrac

Les magasins de vente en vrac, portés par une obligation légale, se développent. Si les réseaux spécialisés, magasins dédiés au vrac ou magasins bio vrac, dominent le marché, le réseau des supermarchés et des hypermarchés n’a pas dit son dernier mot.

Combien de magasins vendent du vrac en France ?

Le marché du vrac s’est élevé, en France, à 850 millions d’euros en 2022. C’est certes une goutte d’eau, encore, dans un océan de la consommation alimentaire qui, lui, pèse 122,5 milliards d’euros, mais c’est un marché d’avenir.

C’est vrai d’abord car c’est le sens de l’histoire : il nous faut tendre vers une consommation plus responsable et ceux qui, déjà, sont adeptes des magasins vrac le prouvent bien. Leurs principales motivations, selon Gaëlle Le Floch, experte de la consommation au sein du cabinet d’études Kantar ? « Réduire les emballages, pour 57 % des consommateurs des réseaux vrac, et ne prendre que la juste quantité, donc s’engager dans une démarche anti-gaspillage, pour 53 % », explique-t-elle. Des motivations plus que légitimes si l’on a en tête que les pertes et gaspillages alimentaires représentent, en France, quelques 10 millions de tonnes de produits par an, soit une valeur commerciale estimée à 16 milliards d’euros.

Ensuite, et c’est lié au premier point, le vrac est porté par une volonté gouvernementale. Les lois Agec (anti-gaspillage pour une économie circulaire) en 2020 et Climat et Résilience , en 2021, ont en effet fixé un cap très ambitieux : celui de faire en sorte que, d’ici 2030, chaque magasin de plus de 400 m², en France, consacre au moins 20 % de sa surface de vente de produits de grande consommation à la vente en vrac. Des sortes de magasins de vente en vrac au sein des magasins classiques ! Mine de rien, cela portera le nombre de magasins proposant du vrac à plus de 8 600, 2 600 hypermarchés et 6 000 supermarchés. À cette date alors, assurément, le vrac se sera démocratisé.

En attendant, il reste une niche de marché, étant l’apanage des circuits spécialisés. « Ces derniers, magasins bio vrac ou magasins spécialisés vrac, s’arrogent 70,6 % de la part de marché en France », indique Gaëlle Le Floch, qui précise encore : « Leur part de marché a grimpé d’1,7 point entre 2022 et 2023 et de 5,7 % sur deux ans. ». Autrement dit, on comprend donc que les circuits généralistes (nos traditionnels supermarchés et hypermarchés) sont plus à la peine avec le vrac : « Ils ne disposent plus aujourd’hui que de 29,4 % de part de marché, contre 35,1 % il y a deux ans, avec de forts reculs en supermarchés et dans les magasins à dominantes marques propres (les discounters de type Lidl ou Aldi, ndlr), mais une reprise notable dans les formats de proximité », assure Gaëlle Le Floch. Le Réseau Vrac & Réemploi recense quelque 470 magasins vrac en France et, pour tous, l’enjeu est de travailler leur notoriété.

Les magasins vrac : des difficultés passagères en supers et hypermarchés

Ce fort recul dans les supermarchés et les hypermarchés s’explique assez aisément du fait de l’inflation et de la crise du pouvoir d’achat qui s’ensuit. Le vrac est perçu comme plus cher et, donc, souffre des arbitrages de consommation. En réalité, il n’est plus cher que parce que son offre diffère du tout-venant : 69 % des références au sein des commerces vrac sont labellisées (bio, équitable, etc.), donc par définition vendues à des prix plus élevés.

Mais si l’on compare aux gammes traditionnelles bio ou équitables, alors ce n’est pas vrai : le vrac est bel et bien plus attractif. L’Ademe a mené une vaste analyse comparative des prix des produits vendus en vrac versus en préemballé et les résultats sont sans appel : « L’étude met en avant que les produits bio vendus en vrac sont globalement moins chers que les mêmes produits bio vendus préemballés, avec des écarts allant de - 4 % à - 22 % », relève l’Ademe.

Les deux tests de distribution du vrac de Carrefour

C’est là le signe d’un immense travail de pédagogie à mener pour installer le vrac dans les esprits. Les distributeurs en sont tous conscients. Tous cherchent ainsi la martingale du bon concept, celui qui leur permettra de bien exposer leur offre de magasin vrac ou de magasins alimentaire vrac pour la rendre vraiment attractive. Carrefour, par exemple, entend bien ne pas rater le coche. Plus de 1100 magasins de l’enseigne en France, à date, proposent déjà un rayon vrac en épicerie, soit un tiers du parc total de magasins.

Et, pour trouver le bon format, deux grands tests ont été menés pour déterminer la meilleure formule de vente. « À Voisins-le-Bretonneux (78), nous avons fait le choix de rassembler toute l’offre vrac au même endroit, dans une avenue du vrac parfaitement visible, où l’effet waouh joue à plein. À Montesson (78), en revanche, nous avons implanté le vrac dans des espaces dédiés au sein de chacun des rayons traditionnels », détaille Thomas Bou, chef de projet RSE chez Carrefour.

Ces tests, initiés depuis 2022, ont permis à l’enseigne de beaucoup apprendre : « Si l’offre vrac implantée au milieu des rayons permet une comparaison plus aisée des prix au kilo, en faveur du vrac, les résultats nous démontrent que l’option la plus pertinente est de tout réunir au même endroit », note Thomas Bou.

L’enseigne de vrac Day by Day se déploie vite et bien

On le voit : les choses commencent doucement à se clarifier et vont pouvoir bientôt se déployer à grande échelle. Pour les 3247 magasins bio de France, recensés par l’Agence bio en 2022, et dont la plupart sont dotés d’un département magasin alimentaire vrac, la question se pose de manière similaire. En revanche, les réseaux spécialisés dans le vrac n’ont pas, eux, ce genre de problèmes. Chez eux, tout est vrac. La difficulté, de leur côté, est de savoir convaincre le consommateur de franchir le seuil de leurs magasins.

Le réseau le plus important de magasins vrac est celui de Day by Day. Créé en 2013, il compte aujourd’hui 47 magasins en France et en Belgique et se porte plutôt bien, selon Didier Onraita-Bruneau, co-fondateur de Day by Day, qui compte aussi désormais l’enseigne Mademoiselle Vrac dans son portefeuille (7 magasins) : « Nous avons fini l’année 2023 avec un chiffre d’affaires en hausse de 10 % », se réjouit-il.

En vérité, le réseau des spécialistes des magasins vrac demande à se structurer. Day by Day, leader du marché, ne représente en effet que 10 % des magasins vrac au total. L’autre « grande groupe », avec les guillemets de rigueur, est La Mesure, juste ce qu’il vous faut, avec 13 magasins. Tout cela doit encore grandir, pour gagner en notoriété et en visibilité. Donc en attractivité. C’est d’autant plus nécessaire que, « généralement, après un premier achat, les clients reviennent toujours », assure Didier Onraita-Bruneau.

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