Océans, forêts, prairies, marécages… les superpouvoirs de la Terre pour capter du CO2
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06 novembre 2021
- Aurore Galland - Temps de lecture : 3 min
Si le meilleur moyen de réduire nos émissions de carbone est de ne pas en produire du tout, la Terre est capable de capter naturellement une certaine quantité de CO2 grâce aux océans, forêts, prairies ou encore aux marécages. Présents partout autour de vous, vous ne les regarderez plus de la même manière.
Quels sont les puits de carbone ?
Qui sont donc les super héros de la lutte contre les émissions de carbone ? Ils n’ont pas de cape mais plutôt des tiges, des feuilles ou encore des écailles. On les appelle « puits de carbone » pour leur capacité à stocker et à digérer le CO2 de l’atmosphère et sont, de fait, nos meilleurs alliés dans la lutte contre le changement climatique. À l’échelle de la planète, les océans et continents absorbent une quantité nette de carbone de 3,2 milliards de tonnes par an, soit 50 % des émissions liées à l’activité humaine. Pas mal non ? Et c’est d’autant plus impressionnant que certains sont insoupçonnables...
Les océans, champions de la captation de CO2
Sur la plus haute marche du podium, les océans captent 2,2 milliards de tonnes de CO2 chaque année. Mais comment font-ils ? Par la photosynthèse des plantes aquatiques essentiellement, c’est-à-dire la réaction chimique transformant la lumière du soleil en énergie ou encore la « calcification » qui permet la transformation en calcaire du carbone. Corail, plancton, poissons, c’est une équipe de choc qui a déjà absorbé près du tiers des émissions de carbone de la planète depuis sa création.
Et quelques petits poissons sont particulièrement doués dans l’exercice. C’est le cas du Symbolophorus, aussi connu sous le nom de « poisson lanterne » en raison de la lumière qu’il émet dans l’eau. Comment fait-il pour capturer le CO2 ? Ce petit poisson a l’immense avantage de faire plonger le carbone au fond de l’océan grâce à ses nageoires. Il remonte vers la surface et dévore de gigantesques quantités de plancton riche en carbone avant de replonger et disparaître dans les fonds marins. Là, il va tout simplement faire ses besoins naturels… et déposer le carbone au fond de l’eau de l’océan. Chaque année, les excréments de poisson participent d’ailleurs à la capture de 1,65 milliard de tonnes de carbone !
Les forêts, poumon vert de la Terre
Photographie de Thuya dans la forêt de Ploërdut
C’est bien connu, les forêts contribuent largement à la lutte contre le changement climatique par leur capacité à capter naturellement le CO2 de l’atmosphère. À elles seules, les forêts tropicales absorberaient 15 % des émissions de carbone liées aux activités humaines. Mais saviez-vous comment ça marche ? Les feuilles, les tiges, les racines captent du carbone dont elles se nourrissent pour croître. C’est pourquoi les jeunes forêts et la plantation d’arbres sur des terres inertes, des espaces déboisés ou des forêts à l’abandon ont un impact fort sur la captation de CO2. À Ploërdut en Bretagne, 60 000 arbres vont être plantés d’ici 2022 pour restaurer une forêt laissée à l’abandon. Mais attention, pas question de planter pour planter : « À la quantité, nous privilégions la qualité, parce qu’il ne suffit pas de planter des arbres, il faut planter les bons arbres au bon endroit et les entretenir tout au long de leur vie » témoigne Erwan le Mené, co-fondateur d’EcoTree. Et s’il ne fallait citer qu’un « super-arbre », ce serait sans doute « le Paulownia » qui, au-delà de ses fleurs roses, capte 10 fois plus de CO2 qu’un chêne ou qu’un hêtre. Ce géant, oui géant car il peut atteindre 20 mètres en quelques années, est redoutable contre le carbone.
Peu connues, les tourbières sont des aspirateurs à carbone
Sur les continents, les zones humides comme les tourbières, des écosystèmes « fermés » où se sont accumulées de petites mousses appelées « sphaignes », qui représentent 3 % de la surface terrestre et captent 30 % du carbone des sols du monde entier. Ces espaces naturels entre la prairie et le marécage sont les musées de la biodiversité et contiennent les traces de la présence de la faune et de la flore depuis des milliers d’années. La terre argileuse a permis de retenir l’eau qui qui s’écoule des forêts alentours entre autres, le sol s’est acidifié et des plantes et mousses denses se sont développées. C’est leur décomposition qui crée la tourbe, cette matière terreuse, humide et très carbonée. Ces prairies très humides sont une invitation à la balade mais attention où vous mettez les pieds, chaque petite mousse compte !
Photographie de la tourbière de la Guette à Neuvy-sur-Barangeon
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Le saviez-vous ?
En Europe, les tourbières sont au cœur d’un vaste programme européen de protection et de restauration.
Objectif des opérations : rendre aux tourbières leur fonction naturelle, c'est-à-dire capter du carbone.
Aujourd’hui, la plupart des tourbières rejettent dans l’atmosphère le CO2 stocké depuis plusieurs milliers d’années en raison de leur assèchement, conséquence du réchauffement climatique. Une mission de la plus haute importance, bien encadrée, et un rappel à la responsabilité : notre patrimoine naturel est précieux et vulnérable. Alors faisons preuve de raison et de précaution.
Et n'oubliez pas, chacun d'entre nous peut aussi se mobiliser à son échelle pour diviser son bilan carbone.