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Xavier Thévenard : « La nature était là avant nous, elle doit être là après nous »

22 août 2022 - Pierre Manches - Temps de lecture : 5 min

Plenitude, Énergie, Électricité, Xavier Thévenard - La nature était là avant nous, elle doit être là après nous

Xavier Thévenard, 34 ans, est l’un des meilleurs mondiaux dans sa discipline de l’ultra-trail, consistant à faire des courses à pied de longue distance, en milieu naturel, sur des dénivelés inconcevables pour le commun des mortels. C’est bien simple : il a tout gagné, à commencer par le très fameux ultra-trail du Mont-Blanc, en 2013, 2015 et 2018. Ce Jurassien, amoureux de la nature et très fortement engagé pour la planète, ne rate jamais une occasion de faire passer des messages pro-écologie. « Chacun d’entre nous doit décider s’il contribuera au problème ou à la solution », déclare-t-il souvent.

Vous avez tout gagné dans votre discipline de l’ultra-trail, mais l’on sent que la motivation est toujours là : est-ce que, finalement, ce n’est pas le signe que votre moteur n’est pas tant l’esprit de compétition que le bonheur, simple, d’être dans la nature ?

 Xavier Thévenard : L’ultra-trail est une activité très particulière. Nous sommes des compétiteurs mais, compte tenu des spécificités de notre discipline – un ultra-trail peut faire jusqu’à 150 km ou 170 km, avec de très forts dénivelés -, nous ne pouvons pas faire beaucoup de courses dans l’année. Si nous en faisons deux ou trois chaque saison, c’est déjà énorme. Disons que je passe peut-être 3 % de mon temps sur des compétitions et que, tout le reste, ce sont des entraînements. Donc, oui, en effet, mieux vaut être amoureux de l’environnement extérieur et aimer évoluer dans le milieu naturel. Pour ce qui est de mes entraînements, il n’y a pas vraiment de journée type. C’est très aléatoire en fonction des objectifs et du calendrier, suivant que je sois en phase de récupération ou de préparation intense. Cela peut être une heure dans la journée, comme dix heures. En gros, cela va représenter quelque chose comme 1000 heures par an, avec en tout 380 000 mètres de dénivelés positifs, via du ski de fond, du vélo, du VTT ou, bien sûr, du trail. Tout confondu, cela représente chaque année entre 12 000 km et 13 000 km environ.

Ce besoin de nature, de liberté, il vous est venu comment ? De votre enfance dans le Jura, où vous résidez toujours ?

 Xavier Thévenard : Il y a plein de facteurs qui ont fait que j’ai accroché avec cette discipline de plein-air. Nous vivions, quand j’étais petit, aux Plans d’Hotonnes, où il n’y avait que trois maisons et je n’exagère même pas : là-bas, c’est vraiment trois maisons qui se courent après, il y a plus de sapins et de verdure que d’habitants. Nous étions, avec mes parents, deux frères et une sœur et, pour nous, les enfants, le premier copain de notre âge était à une dizaine de kilomètres. On allait le voir à pied, il n’y avait pas d’autres choix. C’est cela, sans doute, qui a aidé à forger mon endurance et m’a donné l’amour de la montagne jurassienne, où l’on ne trouve que des paysages apaisants, calmes. C’est un relief accessible, même pour les plus jeunes. Je me souviens que l’on s’arrêtait souvent au bord des mares. On observait les tritons, on ramassait les têtards, les papillons, on regardait tout ça avec émerveillement et, tout naturellement, cela nous a sensibilisé à la nature, avec une forte soif de découverte et de curiosité. Nous faisions aussi des cabanes dans les bois. On a même élevé un corbeau, tombé au pied d’un nid ! Tout cela pour dire que, pour nous, être au contact de la nature, cela coulait de source. On s’y sentait bien, et quand on se sent bien quelque part, on a envie d’y rester. Cela aide vraiment à donner du sens aux choses et à prendre conscience qu’il est primordial de ne pas détériorer un environnement qui suscite en nous un tel bonheur et un tel bien-être.

C’est donc ainsi que votre conscience écologique s’est forgée ?

Xavier Thévenard : C’est né de là, oui, mais il y a eu ensuite toute une évolution. En grandissant, on prend conscience que nous ne sommes que de passage sur cette Terre et qu’il est primordial de veiller à ne pas abîmer la nature, qui était là avant nous et qui doit être là après. Les différentes périodes de confinement, en 2020 et 2021, ont pour moi renforcé cette conviction. Ce fut un grand moment pour lire, pour me documenter plus en profondeur et, donc, faire évoluer encore ma prise de conscience. Cela a finalement provoqué un effet boule de neige qui m’a conduit à prendre des décisions qui font davantage sens pour moi : des décisions que je n’affiche pas pour polémiquer ou par activisme, mais parce qu’elles correspondent à ce que je suis et pense vraiment, parce qu’elles me permettent d’être encore plus en adéquation avec moi-même.

Ces convictions, quelles sont-elles ?

Xavier Thévenard : Je ne prends pas l’avion, je me déplace au maximum à vélo, et je privilégie de ce fait les compétitions qui se déroulent à proximité de la maison. Je mange local et bio, bien entendu. Ce sont vraiment des sujets clés pour moi et c’est pourquoi cela me tient aussi à cœur de chercher à faire passer autant de messages que je peux, au quotidien, après les courses, sur mes réseaux, partout où c’est possible, afin d’aider à éveiller les consciences en faveur de la transition écologique et autour des enjeux liés au dérèglement climatique. Et ce pour une bonne raison : c’est forcément à plusieurs que l’on affrontera le problème et jamais tout seul dans son coin. Ainsi, depuis 2019, j’ai pour équipementier principal « On » qui, comme moi, est engagé autour de toutes ces questions. Il conçoit et fabrique des produits plus durables, 100 % recyclables, avec des coloris naturels. Il cherche à imaginer des chaussures qui n’émettent pas de CO2 durant les différentes phases de leur conception et engage de nombreuses innovations sur cette voie-là. C’est donc tout naturellement, qu’avec lui, nous avons imaginé le projet « À la croisée des chemins », voué à toutes ces problématiques de durabilité et de transition écologique. Et c’est comme cela qu’est né le parcours d’ultra-trail qui porte mon nom, du côté de Métabief. Il s’agit d’un circuit doté de douze bornes délivrant chacune un message évoquant l’écologie et l’environnement. L’idée est toute simple : essayer d’amener les gens à une meilleure réflexion sur ces enjeux et les conduire, de manière ludique et sans être donneur de leçons, à s’interroger sur ce que chacun peut faire, dans tous les faits et gestes du quotidien, afin de mieux préserver la nature.

Vous avez 34 ans, votre carrière de sportif est bien sûr loin d’être achevée mais elle est pour autant contrariée, depuis quelque temps, par la maladie de Lyme, dont vous êtes atteint. Comment allez-vous et quels sont vos projets ?

Xavier Thévenard : Cette maladie de Lyme n’est pas tout à fait derrière moi, il me faut encore prendre mon mal en patience. Mais je bénéficie d’un bon suivi médical et le moral est bon, c’est déjà une bonne chose. On prend pas mal de coups, quand quelque chose comme ça vous tombe dessus, mais c’est aussi une valeur importante du sport que de savoir relativiser. Aujourd’hui, l’objectif est d’abord de retrouver une forme stable avant de songer à remettre un dossard. Je peux m’entraîner, mais pas à haute intensité et jamais très longtemps. Je suis peut-être à 15 h ou 20 h d’entraînement par semaine, quand cela devrait être le double à cette époque. Je suis vite lessivé pour pas grand-chose, mais c’est la vie. C’est en tout cas dans ces moments-là que l’on se dit que nous ne sommes vraiment pas grand-chose. Et, en attendant, j’ai un joli projet de maison à mener à bien avec ma compagne. Nous sommes engagés dans une campagne de réhabilitation d’une vieille ferme et le choix des matériaux nous demande pas mal de temps. Nous prévoyons de concevoir une maison passive, faite de matériaux naturels, de la terre, du bois, de la paille, en plein accord avec le milieu naturel. Nous voulons une maison « low-tech », avec un minimum d’électronique, afin de ne pas être trop dépendants de la technologie. Ainsi, ceux qui viendront après nous auront à disposition une belle demeure, intégrée à son milieu, sans le dénaturer jamais. Ça aussi, c’est le signe de notre engagement, à ma compagne comme à moi.

Découvrez la page officielle Facebook de Xavier Thévenard et sa page On-Running.

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