Avions électriques : vous n’allez pas arrêter d’en entendre parler
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30 juin 2021
- Julie Hervault - Temps de lecture : 2 min
Les avions électriques, c’est pour aujourd’hui ou pour demain ? Qu’il s’agisse de cette initiative toulousaine, du mastodonte Virgin Atlantic ou de l’entrepreneur breton Charles Cabillic (interview ci-dessous), nombreuses sont les voix, les projets et les annonces qui sonnent comme autant d’éléments de réponses encourageants. Oui, l’aéronautique fait sa transition énergétique en luttant contre les émissions carbone et bonne nouvelle, c’est (déjà) pour aujourd’hui.
Capitale de l’aviation française, Toulouse abrite la startup Aura Aero, qui développe depuis 2018 des biplaces électriques. La jeune pousse planche sur un prototype d’avion capable de transporter 19 passagers, imaginé pour des vols régionaux à l’horizon 2026. De l’autre côté de la Manche, le britannique Virgin Atlantic vient d’annoncer un partenariat avec Vertical Aerospace (fondé par S. Fitzpatrick, PDG d’OVO Energy, ndlr) afin de mettre en place un réseau « court-courrier » à bord de ses avions sans émission pouvant rallier deux villes distantes de 160 km. Une solution pour un secteur responsable de 2 % des émissions liées aux activités humaines. Dernièrement, c’est Brittany Ferries, spécialiste des liaisons maritimes entre la France et l’Angleterre qui envisage de relier Cherbourg à Portsmouth en… ferry volant. Électrique bien sûr.
Retour en France, où le Breton Charles Cabillic a fondé Green Aerolease. Il mise sur une aviation décarbonée, non polluante, au service du désenclavement des territoires et de la mobilité inter-régionale. D’ici 2023, sa société pourrait détenir une flotte de 200 avions électriques.
Charles Cabillic, fondateur de Green Aerolease
Longtemps annoncée, l’automobile électrique est depuis quelques années une réalité grand public. Qu’en est-il des avions électriques ?
Charles Cabillic : Les avions électriques, c’est pour aujourd’hui ! Pour preuve, l’organisme européen de l’aviation a certifié le premier avion électrique en juin 2020. Un avion italo-slovène, de la société Pipistrel, commercialisé depuis juillet, que nous souhaitons déployer massivement en France. C’est d’ailleurs déjà un avion totalement adapté à l’usage quotidien des clubs de loisirs : baptêmes de l’air, formation initiale des pilotes… Deux modèles ont été livrés dernièrement, à Brest et Aix. En parallèle, une trentaine de projets d’avions électriques sont actuellement à l’étude pour le transport de personnes, de 4 à 20 places.
Vont-ils pouvoir concurrencer l’aviation thermique telle qu’on la connaît ?
Charles Cabillic : Oui et sans tarder. D’ici 2023/2024, nous allons voir arriver des avions à même de désenclaver nos territoires, plus pratiques que le train par exemple puisque l’avion n’est pas soumis aux mêmes contraintes d’infrastructure ni de centralité. Plus besoin de passer par Paris pour rallier deux grandes villes régionales. Mais d’ici-là, il faut que l’on montre que c’est possible, à notre échelle, avec une stratégie de « petits pas ». Pendant des années, on entendait qu’il y avait trop d’aérodromes en France. Mais avec les avions électriques, je prends le pari que l’on va voir se développer des lignes inter-régionales. Dans un premier temps pour un public de petites entreprises qui ont besoin de se déplacer d’une ville à l’autre. Cette révolution est passionnante, entre les taxis volants et les avions inter-régionaux, on va avoir un vrai moyen d’accélérer le développement économique des territoires.
Et c’est viable ?
Charles Cabillic : Les prix d’exploitation sont très faibles. Bien sûr, il faut changer la batterie après 1000 à 1500 cycles de recharge, mais pour le reste, c’est de l’électronique et il n’y a pas beaucoup de maintenance mécanique à réaliser. Les coûts s’effondrent, le prix de l’heure de vol commercial également, ce qui va automatiquement faire baisser le prix des billets d’avion électrique. Cela peut devenir une vraie alternative. C’est ce que nous envisageons de faire sur Finistair en devenant la première compagnie aérienne française à faire voler un avion électrique, entre Brest et Ouessant.
Comment décririez-vous l’expérience ressentie à bord d’un avion électrique ?
Charles Cabillic : C’est très similaire à l’expérience que l’on peut vivre à bord d’une voiture électrique. Le niveau sonore est divisé par deux, il n’y a pas de vibration puisqu’il n’y a pas de pièce mécanique en mouvement. Au-delà du confort des passagers, l’impact sur l’environnement est très faible. Je pense bien sûr aux émissions de gaz à effet de serre, mais aussi au bruit qui effraie les oiseaux à proximité des aéroports.
Est-ce que, comme pour l’automobile, le modèle de l’hybride « thermique – électrique » a de l’avenir ?
Charles Cabillic : Absolument, je crois beaucoup aux avions hybrides. La société VoltAero construit un avion hybride. Il décolle et atterrit à l’électrique, dans des phases où l’impact du moteur est le plus fort. Puis, pour allonger la distance, il passe en thermique, lui permettant des trajets beaucoup plus longs.