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La Seine à la nage : revivez l’étape de l’aventurier Arthur Germain à Paris

07 juillet 2021 - Pierre Manches - Temps de lecture : 5 min

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Arthur Germain a pris le pari de descendre la Seine à la nage depuis sa source en Bourgogne Franche-Comté jusqu’au Havre. Parti de Source-Seine le 6 juin 2021, il était de passage à Paris samedi 3 juillet. L’occasion, pour lui, de délivrer un message d’espoir quant à l’état et l’avenir de la Seine. Reportage.

Une simple silhouette dans l’eau, d’abord. Un homme dans la Seine, qui nage, tirant dans son sillage un kayak. Derrière lui, trois bateaux de la protection civile. Mais pas d’inquiétude, depuis les quais sous le pont Marie, l’heure est à la joie. Il est 16h en ce samedi 3 juillet 2021. Arthur arrive. Car c’est bien de lui dont il s’agit : Arthur Germain, ce jeune homme de 19 ans qui s’est fixé le défi de descendre la Seine à la nage, en totale autonomie.

Parti le 6 juin de Source-Seine sur le plateau de Langres où le fleuve prend sa source, il arrivera le 28 juillet au Havre, après un périple long de 52 jours et 784 kilomètres. Une moyenne de plus de 15 kilomètres par jour. Autrement dit, c’est l’équivalent de 300 longueurs quotidiennes en bassin olympique. Le tout en eau libre, dans le vent, le froid, la chaleur ou la pluie, avec derrière soi un kayak pesant plus de 100 kilos. Le strict nécessaire de l’aventurier pour une vie en totale autonomie.

Une arrivée émouvante

L’exploit sportif est de première importance – c’est bien simple : personne, jamais, n’a accompli cela dans l’histoire ! Mais c’est un tout autre discours qu’Arthur Germain vient délivrer en faisant escale à Paris, sa ville. Sa ville oui car, autant l’évacuer tout de suite, il est le fils d’Anne Hidalgo, la maire de la ville. Fière et heureuse. « C’est la maman qui est là aujourd’hui, seulement la maman », glisse-t-elle.

Elle est juste derrière lui quand il pose un pied sur la terre ferme, entourée d’une nuée de personnes, enthousiastes. « J’ai déjà une vie pleine d’émotions, mais là, c’est encore autre chose », ajoute-t-elle. Les quelques mots que l’on recueille d’elle sont ensuite noyés par un tonitruant bruit de corne de brume. C’est celle de Jean-Marc Germain, le papa. Il est le logisticien en chef, celui qui, avec son fils et son équipe, a organisé l’expédition, tant d’un point de vue technique qu’administratif : « Un an et demi de travail pour obtenir toutes les autorisations nécessaires, auprès de 14 préfectures et 350 communes », explique-t-il.

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De gauche à droite : Frédéric Dabi, Arthur Germain et Mallorie Sia

Montrer que c’est possible et casser les idées reçues

C’est qu’en effet il est normalement interdit de nager dans la Seine, et ce depuis… 1923. Le fleuve est trop dangereux, fréquenté par des trop nombreuses péniches et son eau, accessoirement, n’est pas potable, polluée par les activités humaines se développant sur ses rives. C’est justement ce message qui est au cœur du projet d’Arthur Germain : sensibiliser le grand public aux enjeux de l’écologie. « La Seine, de sa source à son embouchure, est un espace naturel immense, d’une grande richesse qu’il faut préserver : c’est bien simple, tous les trois jours, elle change radicalement de paysage. Et ce projet, c’est pour mettre en avant sa diversité, la montrer dans ce qu’elle a de plus beau, sans occulter les problèmes mais toujours avec un message positif : aux gens, à nous tous de nous l’approprier et de faire en sorte, chacun à notre niveau, que demain la Seine aille mieux et, nous aussi par la même occasion. Si l’on y trouve des pesticides, c’est parce que l’on en utilise ; si l’on y trouve des déchets, c’est parce qu’on en jette. Ce que l’on voit dans le fleuve est le reflet de notre mode de vie », explique-t-il.

Et puis il y a la force de l’exemple, aussi. Voir Arthur Germain nager dans la Seine, c’est se dire que c’est possible, malgré toutes les idées reçues sur ce fleuve. « Quand j’étais gamin et que j’avais des moments à moi, je les passais sur le bord de Seine. J’ai toujours rêvé de nager dans Paris », assure-t-il. Seulement, cela ne pouvait alors être qu’un doux rêve… Alors maire de Paris en 1988, Jacques Chirac avait assuré qu’il se baignerait un jour dans la Seine… Il n'a jamais eu l’occasion de le faire. « Tous les nageurs rêvent, bien sûr, de nager dans la Seine et je pense que ce sera bientôt possible », veut croire Jean-Marc Germain. En tout cas, renchérit Antoine Frayssinet, membre de la Protection civile de Paris, qui accompagne Arthur Germain durant sa traversée de la capitale pour le protéger des dangers : « cela fait sacrément du bien de voir quelqu’un nager dans la Seine pour le plaisir et il est important de porter le message que non, la Seine n’est pas aussi polluée qu’on le croit. »

Arthur Germain sortant de l'eau, péniche Marcounet

Un fleuve moins pollué qu’on ne le pense

Car d’immenses progrès ont déjà été accomplis. Si, en 1960, les scientifiques considéraient la Seine comme presque biologiquement morte, avec seulement trois espèces de poissons répertoriées à Paris, on en recense aujourd’hui au moins 35, selon Célia Blauel adjointe à la maire de Paris chargée de la Seine et de la prospective. Pourtant, selon une étude menée par l’Ifop, les Français en gardent une piètre opinion.

Ils sont ainsi 70 % à en avoir une mauvaise image (64 % pour les habitants de l’agglomération parisienne) et, autre signe de désamour, ils ne sont que 12 % à avoir envie de s’y baigner : un score qui vient classer la Seine bon dernier dans le classement des cinq grands fleuves français derrière la Loire (27 %), la Garonne (25 %), le Rhône (20 %) et le Rhin (19 %). Les Français le considèrent ainsi certes « emblématique » (67 %), mais ils lui attribuent surtout des connotations négatives, la qualification de « polluée » (58 %) arrivant malheureusement bien avant celle de « romantique » (17 %).

Le défi est donc de chercher à inverser la tendance. Et l’expédition d’Arthur Germain apporte sa petite pierre à l’édifice : indiquer la voie, montrer que c’est possible et casser les idées reçues. « La Seine n’est pas aussi polluée que l’on veut bien le croire », soutient Arthur Germain. Pour en apporter la preuve, il s’astreint, tous les cinq kilomètres, à prélever de l’eau de la Seine, qui est ensuite envoyée en laboratoire, pour analyse. « Cette étude scientifique, c’est aussi une grande première. Cela n’a jamais été fait à telle fréquence sur toute la longueur d'un fleuve comme la Seine, et surtout avec des analyses réalisées par un instrument portable et autonome. Les premiers résultats sur la partie de la Seine en amont de Paris démontrent que, en dehors des passages dans les grandes villes évidemment, ou dans les zones stagnantes, l’eau y est de plutôt bonne qualité », pointe Dan Angelescu, PDG de Fluidion, entreprise spécialisée dans l'instrumentation automatisée pour mesurer la qualité de l'eau. L’espoir et l’optimisme sont bien là, alors, et c’est tant mieux.

  • Deux questions à Frédéric Dabi, directeur général d’Ifop Opinion

    Q - L’étude menée par l’Ifop semble montrer sinon un sentiment de désamour, du moins d’incompréhension entre les Français et la Seine. Cela vous a-t-il étonné ?

    F.D. – Il était important de chercher à poser le constat : qu’est-ce que les Français pensent de ce fleuve si emblématique ? Si les réponses sont parfois négatives, c’est vrai, je note malgré tout beaucoup de bonne volonté. Les Français sentent le potentiel de ce fleuve et, je le crois vraiment. L’expédition d’Arthur Germain, en donnant une autre image de la Seine, permet de faire bouger les choses, petit à petit.

    Q - Il faudra du temps, donc, mais vous êtes optimiste ?

    F.D. – Il faut sortir du discours « àquoiboniste » qui ne mène jamais à rien. Se dire que ce serait d’abord aux grands pays pollueurs de jouer, d’abord à la Chine mais que nous, dans notre coin, à notre échelle, nos actions du quotidien ne serviraient à rien, tout cela est faux. Il nous faut agir sur ce que nous pouvons changer, chacun comme il peut. C’est à mon sens l’essence même de ce qui ressort de cette étude et l’essence même du message que veut faire passer Arthur Germain.

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