La surfeuse Justine Dupont : « Je veux pouvoir marcher sur des plages où il y a plus de sable que de plastique ! »
-
02 mars 2021
- Estelle Papillon - Temps de lecture : 2 min
La surfeuse Justine Dupont s’est lancée depuis deux ans dans une démarche bas carbone, avec pour but de réduire son empreinte écologique, préserver un écosystème dans lequel elle « baigne », et sensibiliser la communauté sportive. Interview de cette championne du monde engagée.
On parle beaucoup de neutralité carbone mais étonnamment on l’a peu vu de la part de sportifs : comment vous est venue l’idée ?
Justine Dupont : J’aimerais bien sûr être totalement neutre en carbone, mais la neutralité n’est pas forcément toujours possible, parce que malgré tout, mes activités contribuent à émettre du CO2. J’essaye donc avant tout de réduire au maximum mon empreinte carbone. Et ce qu’il n’est pas possible de réduire, je le compense. Pour l’instant, les jet-skis qui nous permettent de surfer des grosses vagues en sécurité sont encore à essence, même si des recherches sur des jet-skis électriques sont en cours. Pour rejoindre des tempêtes, nous prenons également l’avion et nous n’avons pas trop le choix.
Comment faites-vous pour réduire votre empreinte carbone ?
Justine Dupont : Depuis deux ans, je suis végétarienne, cela a un impact important. Je fais également beaucoup de tri, je fais en sorte de ne pas utiliser de plastiques à usage unique, de faire mes courses au marché local afin de favoriser les produits de proximité. Réduire, c’est une démarche très intéressante, cela nous interroge sur nos pratiques au quotidien, et c’est un vrai challenge ! J’ai également déménagé au Portugal afin d’être plus près du site de Nazaré, l’un des plus grands spots de surf du monde. Pour des raisons pratiques bien sûr, mais aussi parce que cela m’évite des allers-retours incessants en avion. Par ailleurs, je choisis tous mes partenaires en fonction de leurs engagements en faveur de l’environnement.
Portrait de Justine Dupont, crédits : Fred David
Qu’en est-il de la compensation carbone ?
Justine Dupont : Avec mon partenaire – la MAIF – nous mesurons l’impact carbone de mon activité de surfeuse professionnelle, et chaque année, je fais un don équivalent au « poids » carbone de mes activités à des associations qui agissent pour l’environnement. De son côté, la MAIF double ce montant.
Votre sport est directement connecté aux éléments : voyez-vous les conséquences de la pollution, du réchauffement climatique ?
Justine Dupont : Certaines choses sautent aux yeux. Plus jeune, après les pluies, il y avait beaucoup de déchets sur les plages. Aujourd’hui, ces déchets nous les voyons tout le temps, qu’il y ait des grosses pluies ou non. S’agissant des micro-plastiques c’est impressionnant. Il y a quelques années, c’était surtout les gros déchets qui étaient visibles sur la plage. Maintenant lorsque je prends une poignée de sable, je distingue très bien les micro-plastiques.
Le fait d’être en contact direct avec la nature vous confère un rôle particulier ?
Justine Dupont : La nature est tellement belle ! Je la vois, chaque jour, mais je vois également l’impact de l’homme. Et j’ai envie de continuer d’aller surfer dans de l’eau propre, de marcher sur des plages où il y a plus de sable que de plastique. Ce n’est pas simplement pour « sauver la planète », mais pour continuer de pouvoir habiter la planète Terre, tout simplement car nous avons tous un rôle à jouer.
Comment a réagi la communauté sportive suite à votre déclaration autour de la neutralité carbone ?
Justine Dupont : Chez les surfeurs, nous sommes tous très impliqués, très sensibles à ces questions, et les retours ont été très positifs. Je pense que nous avons ceci de similaire avec les gens de la montagne : nous sommes aux premières loges du réchauffement climatique, et notre rapport à la nature nous pousse à agir.