Anaïs Lacombe (PimpUp) : « Créer une entreprise engagée était pour nous primordial »
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18 février 2025
- Dina Hayan - Temps de lecture : 4 min
Anaïs Lacombe a 26 ans. En 2021, avec une amie, Manon Pagnucco, rencontrée durant ses études en école d’ingénieur, elle a créé PimpUp. Le principe ? Aider à la lutte contre le gaspillage alimentaire en proposant à la vente des paniers de fruits et légumes dits « moches », c’est-à-dire invendables dans les circuits de ventes traditionnels, en hypers et supermarchés. Pour les deux jeunes femmes, à la fibre entrepreneuriale chevillée au corps, il était indispensable de se lancer dans une aventure placée sous le sceau de l’éco-responsabilité. Rencontre avec une femme de conviction.
Paniers anti-gaspi : fruits et légumes moches
Votre entreprise, PimpUp, propose ses paniers anti-gaspillage de fruits et légumes dans cinq agglomérations en France, Montpellier, Nîmes, Montauban, Toulouse et, depuis septembre 2024, Marseille. Racontez-nous le concept ?
Anaïs Lacombe – Le gaspillage alimentaire est un fléau contre lequel il nous semblait primordial de lutter, Manon et moi. Il faut savoir qu’en France cela représente 10 millions de tonnes de produits par an. C’est colossal. Et c’est d’autant plus dommageable que si, dans le lot, il y a des produits périmés, non-consommables, il y a surtout des articles parfaitement comestibles mais qui, pour une raison ou pour une autre, ne rentrent pas ou sortent des rayons alimentaires. Chez PimpUp, nous nous concentrons sur les fruits et légumes et, depuis la création de notre entreprise, nous avons contribué à sauver déjà plus de 400 tonnes de produits. Il s’agit de tous ces fruits et légumes dits « moches », qui ne correspondent pas aux standards de la grande distribution. Notre rôle est d’aller au contact des producteurs, pour récupérer, directement auprès d’eux, ces produits-là. Nous travaillons déjà avec plus de 150 d’entre eux et, en limitant ainsi les intermédiaires, cela permet de créer de la valeur pour tout le monde. Nos clients trouvent, à des prix ultra compétitifs, des paniers de fruits et/ou de légumes français, de saison, à récupérer dans les points relais partenaires, généralement des commerces de proximité. Et les producteurs, eux, parviennent à valoriser toute cette partie de leur production qui, autrefois, allait malheureusement la plupart du temps à la poubelle.
PimpUp, une activité en faveur de la transition écologique
Comment l’idée vous est venue ?
Anaïs Lacombe – Avec Manon Pagnucco, mon associée et amie, nous étions en stage aux Etats-Unis, du côté de Phoenix, en Arizona, dans le cadre de nos études. Là-bas, nous y avons découvert un service baptisé Imperfect Foods, sensiblement basé sur les mêmes principes que PimpUp aujourd’hui. Nous avons trouvé cela extraordinaire et, quand nous sommes rentrées en France, c’était pour nous une évidence. Rien de tel n’existait, à Montpellier où nous étions. Nous avions donc notre d’idée d’entreprise à fonder, et voilà comment cela a commencé. On voulait entreprendre, ensemble, mais pas n’importe comment.Il était important, pour nous, de se lancer dans une aventure qui ait du sens et qui soit engagée dans la transition écologique. C’était la solution parfaite pour cela.

Manon Pagnucco et Anaïs Lacombe
Promouvoir une écologie positive
Cette prise de conscience écologique, elle vous vient d’où ?
Anaïs Lacombe - Oh ! Elle vient de loin… J’allais dire qu’elle est presque dans nos gènes, à Manon et moi. Les grands-parents de Manon étaient agriculteurs, dans la Drôme. Jeter était pour eux un crève-cœur et ils faisaient très attention à ce que cela n’arrive que le moins possible. Manon a grandi dans cette ambiance, et cela l’a marquée. De mon côté, quand j’ai eu dix ans, ma mère, très engagée sur ces questions d’éco-responsabilité, a fondé une Amap (association pour le maintien de l’agriculture paysanne). J’ai donc moi aussi grandi avec cette prise de conscience-là, voulant que le moindre petit geste, à notre niveau, ait son importance. Ce sont des valeurs positives, chères à nos cœurs. Pour nous, c’est aussi quelque chose d’essentiel. Certes, nous cherchons à promouvoir des gestes militants, engagés, porteurs de sens, mais nous voulons que cela se fasse naturellement, dans le plaisir et le partage. Nous ne croyons pas en l’écologie punitive. Il faut que, collectivement, nous changions nos habitudes, mais cela doit être, et peut être, enrichissant et épanouissant pour tout le monde. C’est pour aller vers quelque chose de meilleur. Et si l’on n’a pas cette conviction-là, alors je doute que cela puisse fonctionner.