L’électricité en Europe : divergences des prix
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03 février 2021
- Julie Hervault - Temps de lecture : 4 min
Vous êtes-vous déjà demandé comment on fixe le prix de l'électricité en Europe et en France ? Découvrez dans cet article les rouages d'un système interconnecté et son impact sur votre facture.
Pourquoi les prix de l'électricité en Europe divergent-ils ?
Les prix de l’électricité parmi les pays européens sont-ils similaires ?
Les prix de l'électricité en Europe connaissent de grandes divergences entre chaque pays. Chacun d'entre eux fixe ses propres tarifs, et bien que l'ouverture du marché et les échanges entre pays poussent à des prix du kWh hors taxes qui deviennent de plus en plus similaires, ces différences s'expliquent surtout par deux principaux facteurs :
- la part de production de chaque énergie dans le pays (énergie nucléaire ou renouvelable) ;
- les taxes en vigueur dans le pays.
En Europe, il est donc possible de retrouver des prix d'électricité très différents, de l'électricité la plus chère en Allemagne à la moins chère en Bulgarie.
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Le saviez-vous ?
Parmi les pays où l'électricité est la plus chère en Europe, tels que l'Allemagne et le Danemark, les taxes constituent la moitié, voire les 2/3, du prix de l'électricité.
À l'inverse, parmi les pays où elle est la moins chère, tel qu'aux Pays-Bas par exemple, les taxes ne représentent qu'une petite partie du coût total de l’électricité.
De l’électricité la plus chère à la moins chère d’Europe, où se situe la France ?
En Europe, le prix de l’électricité varie selon les pays. Le tarif moyen français se situe juste en dessous de la moyenne européenne.
Devant la France, les pays proposant une électricité plus chère en 2020 sont les suivants (du plus cher au moins cher) : Allemagne, Danemark, Belgique, Irlande, Espagne, Italie, Royaume-Uni, Chypre, Portugal, Autriche et enfin, Luxembourg.
Comparé à ses voisins européens, la France se situe donc à la 12ᵉ place.
Comment s’expliquent ces différences de tarifs d’électricité parmi les pays européens ?
Les taxes applicables sont-elles différentes d’un pays à l’autre ?
Les écarts de tarification constatés entre les pays européens s’expliquent avant tout par les différences de taxes sur l’électricité.
Par exemple, ces taxes représentent près de la moitié du tarif moyen observé en Allemagne, tandis qu’elles sont presque nulles en Bulgarie. Ces taxes sont mises en place par la politique de chaque pays, ce qui explique leurs différences.
En moyenne, les taxes représentent environ 30 % du prix de l’électricité observé dans les pays européens. La France se situe proche de cette moyenne.
Les coûts de production sont-ils les mêmes pour tous les pays européens ?
Au-delà des taxes, les différences s’expliquent par des écarts de coûts de production de l’électricité. La France dispose du plus grand parc nucléaire d’Europe, avec des coûts de construction des centrales quasiment amortis, ce qui impacte évidemment les prix proposés.
Malheureusement, nombreuses sont les centrales en situation d’indisponibilité en 2022. Ce qui a un impact direct sur le prix de l’électricité.
Concernant les énergies renouvelables, les coûts de production en eux-mêmes ne sont pas forcément plus chers. Par exemple, l'énergie hydraulique a un coût de production au minimum 2 fois moins cher que l’énergie nucléaire.
Pourtant, le prix de ces énergies diverge entre pays européens : cela est notamment dû à l’abondance des ressources naturelles mises à disposition dans chaque pays. En effet, les pays scandinaves proposent des prix davantage accessibles grâce au fort potentiel hydraulique de ces pays.
L’augmentation des prix de l’électricité touche-t-elle uniquement la France ?
En France, le prix de l’électricité augmente régulièrement depuis plusieurs années. Notre pays n’est pas isolé dans ce cas. On observe en effet une hausse des tarifs dans toute l’Europe, principalement du fait des augmentations des taxes sur l’électricité et des conflits internationaux.
En Allemagne par exemple, la taxe carbone sur les combustibles fossiles servira à subventionner et à investir dans les énergies renouvelables afin de les développer.
L’année 2022 est particulière : la hausse provient en bonne partie des bouleversements liés à la crise sanitaire qui a marqué 2020 et aux conflits internationaux (guerre en Ukraine notamment).
Quelles sont les caractéristiques du marché européen de l’électricité ?
Comment l’Europe a-t-elle mis fin au monopole de certains fournisseurs d’électricité ?
Depuis le début des années 2000, la tendance en Europe est à la libéralisation du marché de l’électricité afin de permettre à davantage d’entreprises de s’y insérer, et aux consommateurs de bénéficier de tarifs moins chers.
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Le saviez-vous ?
En France, l’ouverture du marché a eu lieu suite aux directives européennes en 1996, menant à la fin du monopole d’EDF le 1er juillet 2007. Depuis cette date, les Français peuvent acheter leur électricité auprès d’autres fournisseurs, communément appelés fournisseurs alternatifs.
Cette libéralisation a également entraîné une restructuration du secteur. En effet, avant l’ouverture, les fournisseurs historiques (comme EDF) géraient à la fois la production, le transport, la distribution et la fourniture d’électricité aux entreprises et aux foyers situés sur le territoire national.
Aujourd’hui, ces activités sont réparties entre plusieurs entreprises.
Par exemple, en France, la production de l’électricité est assurée par EDF pour le nucléaire et par des producteurs locaux pour les énergies alternatives.
C’est ensuite RTE qui assure la distribution de l’électricité dans les foyers français, c’est-à-dire le transport de l'électricité depuis les centres de production jusqu'aux grands sites industriels et aux réseaux de distribution tels que Enedis, qui prend le relais vers les consommateurs.
Les fournisseurs sont chargés de l’achat et de la commercialisation de l’électricité sur le marché français. Depuis l’ouverture du marché à la concurrence, il existe des dizaines de fournisseurs dits « alternatifs », en plus du fournisseur historique EDF.
Les interconnexions d’électricité, qu'est-ce que c'est ?
Les interconnexions électriques sont les dispositifs qui permettent à l’électricité de franchir les frontières de leur pays de production, et donc d’être exportées vers des pays tiers.
La France dispose actuellement d’interconnexions avec le Royaume-Uni, l’Espagne, la Belgique, l’Allemagne, l’Italie et la Suisse. Elle peut donc exporter de l’électricité vers ces pays ou en importer depuis leurs sites de production.
Les interconnexions européennes sont un élément essentiel du marché européen de l’électricité.
Comprendre les imports et exports d’électricité entre pays européens
Dans de nombreux pays européens, on constate une différence entre la quantité d’électricité produite et la quantité d’électricité consommée. Certains pays produisent plus qu’ils ne consomment (ils sont alors excédentaires) ou inversement (ils sont alors déficitaires).
Ces écarts favorisent la création d’un marché européen, dans lequel certains pays déficitaires achètent de l’électricité aux pays excédentaires.
La France étant le plus gros producteur d’électricité en Europe, notamment grâce à ses 19 centrales nucléaires, elle est naturellement excédentaire.
En conséquence, elle exporte de grandes quantités d’électricité vers les pays frontaliers (Italie, Espagne …) avec lesquels elle dispose d’une interconnexion. Ces exportations apportent du revenu aux producteurs français d’électricité et permettent de limiter le coût de la fourniture aux foyers français.
Toutefois, à titre préventif, la France importe un peu d’électricité depuis l'Allemagne, afin d’éviter les ruptures de fourniture, même en cas de défaillance d’une centrale française.