L’IA, au service de l’énergie ?
-
02 janvier 2025
- Hugo Nunes - Temps de lecture : 3 min
Si vous ne le saviez pas, l’IA (intelligence artificielle) est une technologie qui ne date pas d’hier. Cela fait plusieurs années qu’elle existe et qu’elle s’est ancrée dans notre quotidien. Des chatbots répondant à nos requêtes aux assistants vocaux inclus dans la quasi-totalité des appareils numériques, l’IA est devenue un outil indispensable dont nous ne pouvons plus nous séparer. Dans un monde où la transition énergétique est au cœur des débats, les acteurs du secteur de l’énergie (gouvernement, producteurs, fournisseurs d’énergie, gestionnaires de réseaux) cherchent des moyens innovants pour optimiser la production, la distribution et la consommation de l’énergie. L’IA s’annonce comme l’une des solutions à ces nouveaux défis !
La France, un pionnier de l’IA !
L’IA, késako ?
L’IA regroupe les outils basés sur des algorithmes capables d’imiter des comportements humains comme le raisonnement ou la créativité. Elle se divise en trois catégories :
- IA étroite : spécialisée dans une tâche précise, comme les assistants vocaux, les chatbots ou les recommandations en ligne.
- IA générale : polyvalente, capable d’accomplir diverses tâches complexes et d’apprendre de manière autonome. Exemple : modèles génératifs comme GPT-4.
- IA superintelligence : théorique, elle dépasserait les capacités humaines dans tous les domaines. Cette IA relève encore de la science-fiction.
En France, l’Etat avait annoncé en 2018 qu’il ferait de l’IA une priorité nationale pour en être un leader, en commençant par soutenir les entreprises. D’après le Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie en 2022, le montant total des aides nationales cumulé au financement de Bpi France s’élevait à 1,5 milliard d’euros, une aubaine pour les 590 start-ups qui en ont bénéficié. Parmi elles, 16 ont atteint le statut de Licorne (entreprise âgée de moins de 10 ans, valorisée à 1 milliard d’euros). Pour preuve, MISTRAL AI, fondée en avril 2023, est un bel exemple de réussite avec une valorisation proche de 6 milliards d’euros. Du côté du secteur de l’énergie, quelques start-ups ont émergé comme Ecojoko avec son assistant d’économie d’énergie basé sur l’IA, qui aide les foyers à surveiller et réduire leur consommation en temps réel.
L’IA, un grand potentiel dans l’énergie !
Les enjeux environnementaux incitent les acteurs du secteur à adopter une politique en faveur de la transition écologique. Aujourd’hui, cette technologie est intégrée à des outils innovants qui contribuent à améliorer les processus, de la production à la consommation d’énergie :
- Prévisions et optimisation de la production : en analysant des données complexes, l’IA est capable d’anticiper avec précision la production d’énergies renouvelables, comme l’éolien et le solaire, en s’appuyant sur les prévisions météorologiques. Cela permet de mieux ajuster les ressources en temps réel, évitant ainsi les surplus ou les pénuries. Par exemple, les fournisseurs d’énergie utilisent cette IA.
- Smart grid : réseau électrique qui utilise des technologies modernes, comme des capteurs, des logiciels et l’IA, pour gérer plus efficacement la production, la distribution et la consommation d’énergie. Le compteur Linky en est un exemple.
- Diminution du gaspillage énergétique : pour la consommation d’une infrastructure, l’IA possède la capacité d’identifier les zones où l’énergie est mal exploitée. Elle propose donc des ajustements automatiques pour améliorer l’efficacité énergétique, par exemple en optimisant la consommation de chauffage ou d’éclairage. Par exemple, la ville de Suresnes a adopté des systèmes d'éclairage intelligents utilisant l'IA pour ajuster l'intensité lumineuse en fonction de l'heure et de la fréquentation des zones.
Entre défis et opportunités
L’IA pourrait devenir un pilier central de la transition énergétique, mais son utilisation soulève encore des défis à relever :
- Coût des technologies : développer et déployer des solutions basées sur l’IA nécessite des investissements initiaux élevés, ce qui peut être un frein, notamment pour les petits acteurs.
- Consommation d’énergie : l’utilisation de l’IA a un impact sur la consommation d’énergie. Certains modèles sont très énergivores et émettent une grande quantité de gaz à effet de serre. De plus, le stockage des données occupe une part importante dans la consommation énergétique. Les scientifiques estiment qu’en 2026, la consommation électrique des centres de données pourrait s’élever au niveau de la consommation d’un pays comme la Suède ou l’Allemagne.
- Coopération entre acteurs : garantir une collaboration étroite entre le gouvernement, les producteurs, les fournisseurs et les gestionnaires de réseaux est indispensable pour avancer dans la même direction. Une telle synergie est parfois difficile à instaurer.
L’IA pourrait continuer de révolutionner le secteur énergétique grâce à la création et démocratisation de certains projets :
- Systèmes décentralisés : Il faut développer des micro-réseaux, où chaque bâtiment, chaque quartier peuvent produire, stocker et consommer sa propre énergie. Par exemple, des panneaux solaires installés sur un toit peuvent alimenter non seulement un bâtiment, mais également une autre infrastructure grâce à une gestion intelligente des surplus. Ces systèmes rendent les consommateurs plus autonomes.
- Approche collaborative : l’intégration de l’IA pourrait permettre de faciliter les échanges en énergie entre particuliers, entreprises et collectivités. Imaginez une plateforme où un particulier ayant produit un excédent d’électricité via ses panneaux solaires, pourrait le vendre directement à un voisin ou l’échanger contre d’autres services. Ce modèle collaboratif offrirait une gestion plus flexible, transparente et équitable de l’énergie.
L’IA offre une opportunité unique de réinventer le secteur énergétique pour le rendre plus durable. Cependant, pour concrétiser cette vision, il sera crucial d’allier innovation, réglementation et coopération à grande échelle.