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Marché de la seconde main, produits reconditionnés, location : pourquoi l’économie circulaire a-t-elle la cote ?

31 mai 2024 - Julie Hervault - Temps de lecture : 4 min

Plenitude, Écologie, Économie, Marché de la seconde main

Les marchés de la seconde main, de la location et de la réparation se montrent très dynamiques. Surtout, ils irriguent l’ensemble des marchés : électroménager de seconde main, vêtements de seconde main, téléphones et automobiles d’occasion, en passant par le bricolage et les livres. Décryptage d’une tendance de consommation qui a l’avenir devant elle.

Comment expliquer l'essor de la seconde main en France ?

Le marché de la seconde main en 2023

Près de trois Français sur quatre se sont tournés vers le marché de la seconde main en 2023. Cette statistique, que l’on doit à l’Observatoire Novascope du cabinet d’études marketing Enov, dit tout de l’engouement pour l’économie circulaire. En 2021, la proportion n’était « que » de 64 % et cette croissance, très rapide, vient porter le marché de la seconde main à quelques 7 milliards d’euros dans le pays, toujours selon cette même étude.

C’est bien simple : les achats d’occasion se déploient partout, dans toutes les catégories de produits. Dans le sillage du succès du spécialiste des vêtements de seconde main Vinted, devenu le premier vendeur de mode en ligne en France à la fin de l’année 2023, ce sont les vêtements que les Français s’échangent le plus volontiers. 48 % des adeptes de la seconde main ont ainsi acheté au moins un article de mode d’occasion, une proportion en hausse de 12 points en deux ans, d’après l’Observatoire Novascope. Viennent ensuite les produits culturels (45 %), les articles de meuble et de déco (34 %), les jeux et jouets (28 %), le petit électroménager (21 %), les produits techniques (17 %), l’outillage-bricolage (12 %), les smartphones (12 %), l’informatique (8 %) et enfin le gros électroménager (7 %).

Occasion et reconditionné : quelles différences ?

On le voit, les habitudes sont désormais prises dans tous les secteurs de la consommation. Cause ou conséquence, on retrouve de la seconde main dans tous les circuits de distribution classique. C’est bien sûr vrai chez des acteurs historiques, spécialistes du sujet, comme les friperies (Kilo Shop, Guerrisol, ...) ou les réseaux d’achats-ventes (Easy Cash, Cash Express, Cash Converters, etc.). Mais c’est vrai, aussi, chez des enseignes traditionnelles : ainsi, Fnac et Darty, qui appartiennent au même groupe, proposent leur espace Seconde vie sur leur site en ligne, de même que Decathlon, quand King Jouet, pour s’en tenir à ces seuls exemples, a carrément créé une enseigne dédiée, baptisée King’Okaz.

Avec elles, et quelques autres, on glisse de l’occasion au reconditionné, et la nuance est importante. « Là où un appareil d’occasion vous est vendu en l’état, un appareil reconditionné a été testé sur toutes ses fonctionnalités et, s’il y avait lieu, a été réparé afin de lui restituer toutes ses fonctionnalités », précise sur son site Back Market. Cette entreprise française, créée en 2014, a mis le reconditionné dans toutes les têtes pour les marchés des appareils électroniques en général, et de la téléphonie en particulier.

Les Français, séduits par les smartphones reconditionnés

Les ventes de smartphones reconditionnés ont ainsi augmenté de quasi 70 % depuis 2016 pour atteindre 3,2 millions d’unités et un chiffre d’affaires supérieur à 1 milliard d’euros en 2022 en France, selon le cabinet d’études spécialisé Xerfi. Ainsi, d’après Kantar, plus d’un smartphone sur cinq utilisé en France est désormais d’occasion ou reconditionné. C’est trois fois plus qu’en 2018 ! Cette proportion est nettement moins grande sur les marchés de l’électroménager et des équipements informatiques, avec respectivement 5 % et 3 % des ventes pour l’occasion, mais cela ne demande qu’à grandir.

C’est que, partout, les motivations pour privilégier l’occasion au neuf sont les mêmes. Et ce qu’il y a de plus intéressant, c’est qu’elles sont doubles. Il y a le prix moins élevé, une évidence en ces temps de forte inflation, mais pas seulement. Selon l’Observatoire Novascope, si 76 % des Français voient en la seconde main « la possibilité de consommer malgré l’inflation », 75 % se réjouissent que cela ait aussi « un réel impact sur l’environnement ». Une opération « gagnant-gagnant » !

Louer plutôt qu’acheter ; vendre ou donner plutôt que jeter

La prise de conscience de l’urgence environnementale est réelle. Elle est corroborée par un sondage effectué à la demande du mouvement Tous Consom’acteurs, lancé fin 2023 : 68 % des Français estiment que consommer responsable est le meilleur moyen de préserver la planète.

Dans ce contexte, au « consommer-jeter », se substitue une nouvelle voie, marquée par la règle des 3R, pour réduire, réutiliser, recycler. En clair, il s’agit de louer plutôt que d’acheter (77 % des Français se disent déjà prêts à privilégier l’usage d’un produit à sa possession, selon l’Obsoco) et de vendre ou de donner plutôt que de jeter.

Il s’agit, aussi, de se mettre à la réparation. C’est là, afin de rallonger la durée de vie des produits, un enjeu majeur, porté par le gouvernement. Ainsi, quand, en 2020, seuls 40 % des appareils électriques et électroménagers en panne étaient réparés, l’objectif est de porter cette part à 60 % d’ici à 2025.

Pour y parvenir, dès 2021, le gouvernement a mis en place un indice de réparabilité, apposé sur les produits ou juste à côté de leur prix, en rayons. L’idée sous-jacente ? Donner des informations concrètes et précises aux consommateurs pour que chacun de nous puisse faire son choix en toute conscience. Télévisions, ordinateurs et autres lave-linges sont ainsi concernés aujourd’hui. En cette année 2024, ou plus sûrement pour 2025, cet indice de réparabilité bascule vers un nouveau système basé, cette fois, sur un indice de durabilité. Mais le principe reste le même : promouvoir une consommation plus responsable.

Même l’automobile s’y met avec le projet Refactory de Renault

Dans la même veine, le gouvernement a conçu un bonus réparation dès 2022, aujourd’hui élargi à de nombreuses catégories de produits, du téléphone à la perceuse, en passant par le four micro-ondes, la bouilloire, et même le rameur ou la trottinette. Il s’agit d’une aide gouvernementale, directement déduite de sa facture, destinée à inciter à la réparation des produits plutôt qu’à les jeter.

Et quand on vous dit que ces nouvelles manières de consommer irriguent l’ensemble des secteurs, il n’y a qu’à regarder l’exemple de l’automobile. En 2021, Renault a pris la décision, pour son usine historique de Flins, dans les Yvelines, de progressivement y arrêter la production de voitures neuves afin de se mettre à son projet Refactory.

Le principe ? Installer des équipes et des machines pour réparer et remettre en état quelque 150 vieilles voitures par jour. De la carrosserie à la mécanique, tout sera revu et les voitures, ayant retrouvé une nouvelle jeunesse, pourront être remises en vente. Dans un autre bâtiment adjacent, ce seront cette fois plus de 1600 pièces automobiles différentes qui seront reconditionnées pour être à leur tour réutilisées. Quand on vous dit que l’économie circulaire est partout…

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