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Sobriété numérique : comment la mettre en place ?

18 novembre 2024 - Julie Hervault - Temps de lecture : 4 min

Plenitude, énergie, écologie, sobriété numérique

Pour limiter les émissions de carbone néfastes à la planète, tous les gestes comptent, y compris ceux auxquels on ne pense pas forcément. Les usages que nous avons du numérique sont ainsi une source de gaspillage et de pollution importante. Le point sur les enjeux de la sobriété numérique.

Quels sont les enjeux de la sobriété numérique ?

Il est des ignorances à lever. Prendre l’avion ? C’est mauvais pour la planète, chacun le sait. Mais qui pour avoir en tête que regarder en boucle une vidéo sur internet l’est tout autant ? Selon les rapports élaborés par The Shift Project et Green It, le numérique est responsable de 3 % à 4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’échelle mondiale.

Concernant l’aviation, le chiffre le plus fréquemment cité est celui de 2,6% des émissions de CO2. Si c’est sujet à caution, avec d’autres experts qui entendent y ajouter toute la phase de production et de distribution du kérosène, en amont des vols, pour arriver à dire que l’aviation contribuerait plutôt à près de 6 % du réchauffement climatique, cela ne change rien au constat : le numérique est une source de pollution majeure.

En conséquence : quiconque veut atteindre les objectifs de neutralité carbone visés pour 2050 doit intégrer, dans son quotidien, les principes de la sobriété numérique. Il s’agit, individuellement, de s’interroger sur les usages que l’on a tous avec nos différents écrans. L’idée est alors de chercher à « réduire la consommation excessive (…) et de favoriser une utilisation plus mesurée et réfléchie des technologies numériques. » (Source : agence eco eco).

Un exemple frappant : quand le Gangnam Style consomme autant qu’un pays tout entier

Pour prendre conscience des enjeux, un exemple très concret parlera à tous. Il évoque une chanson et une chorégraphie bien connues. Vous vous souvenez de Psy et de son Gangnam Style ? Bernard Monnier aussi. Ingénieur spécialiste en IA, président de Mim Innovation,  il est revenu, à l’occasion d’un séminaire organisé par l’association savante Aristote, sur son choc d’alors quand, en 2012, le clip du chanteur coréen a explosé tous les compteurs. « En une année, les visionnages du clip, sur YouTube, ont dépassé 1,7 milliard de vues. Et ce qui nous a intéressés, ce n’est pas la question de la qualité, ou non, de la chanson, mais plutôt de voir ce que cela pouvait représenter en termes d’énergie. Nous avons ainsi commencé à faire des calculs pour déterminer ce que cela pouvait faire en GWh. Notre constat ? 297 GWh ! Dis comme cela, ce n’est pas forcément très parlant mais si l’on a en tête qu’un pays comme le Burundi, avec ses 9 millions d’habitants alors, avait une consommation annuelle d’énergie de l’ordre de 273 GWh, cela donne une idée des choses : d’un côté, un clip, pour le moins futile, générant 297 GWh, de l’autre, la consommation annuelle d’un pays tout entier, à 273 GWh », explique-t-il.

L’impact, tout sauf neutre, de l’envoi d’un mail

Une connexion internet, en effet, c’est de l’électricité, ce sont des câbles, des serveurs, des réseaux. Et tout cela est loin d’être neutre. Ainsi, d’après l’Ademe, la distance moyenne parcourue par la moindre donnée numérique est de… 15 000 km. De quoi ainsi comprendre que chaque requête web occasionne 6,65 grammes d’équivalent CO₂. Quant aux mails, c’est pire : 35 grammes d’équivalent CO₂ l’unité avec une pièce jointe et 4 grammes d’équivalent CO₂ sans pièce jointe.

Si l’on a en tête qu’il s’envoie, dans le monde, entre 10 et 12 milliards de mails chaque heure, sans prendre en compte les spams, cela donne une idée des dégâts… Et c’est sans compter, en amont, toute la phase de construction. Toujours selon l’Ademe, la fabrication d’un ordinateur de 2 kg nécessite 588 kg de matières premières, ce qui génère 114 kg de CO₂ avant même de l’avoir utilisé une seule fois.

Qu’est-ce qui pollue le plus dans le numérique ?

Les vidéos sont des sources énormes de pollution numérique

D’après un rapport de Green IT, la pollution numérique provient de trois grandes sources. La principale d’entre elles, et de très loin, ce sont les utilisateurs, vous et nous, via l’usage que nous faisons du numérique. Nous sommes ainsi collectivement responsables de 66 % des émissions liées au numérique (40 % par la fabrication des appareils, 26 % par leur utilisation). Les réseaux viennent ensuite, les câbles, la connectique, etc. (19 %), devant les datas centers (15 %). Et encore : si ces datas centers consomment autant, c’est bien qu’on les sollicite.

Or, encore une fois, tout passe par eux. Chaque recherche lancée sur un moteur de recherche, chaque mail envoyé, chaque achat en ligne, chaque réservation faite, chaque vidéo regardée passe par un data center. Les vidéos, à elles seules, représentent 80 % des flux de données dans le monde… À la différence de ce qui sort du pot d’échappement d’une voiture, c’est là une source de pollution invisible, mais considérable.

Bien sûr, dans le lot, il y a des choses parfaitement utiles, permettant d’améliorer le savoir, de renforcer l’efficacité de la médecine, avec l’IA par exemple, etc. Mais, pas sûr que la vidéo du petit chat rigolo soit, elle, toujours bien raisonnable… Alors, pour vous aider à trouver la voie vers une meilleure sobriété numérique, En Lumière vous offre cinq conseils simples à mettre en application.

5 actions pour la sobriété numérique

1/ Conserver ses appareils électroniques le plus longtemps possible

Les phases de conception des appareils constituent de gigantesques sources de pollution, par les matières premières utilisées, par l’énergie demandée lors de l’usinage et par le transport jusqu’aux utilisateurs finaux. Faire en sorte de conserver ses équipements le plus longtemps possible est donc une première manière de limiter les conséquences négatives. C’est tout bête, mais garder un ordinateur quatre ans plutôt que deux ans améliore mécaniquement de 50 % son bilan environnemental.

Cela passe, aussi, par ne pas se jeter forcément sur le dernier modèle de smartphone si celui que vous utilisez fonctionne toujours. Cela passe, enfin, par privilégier la seconde main et, dans tous les cas, la réparation.

2/ Connaître les bonnes astuces pour préserver vos batteries

À l’usage, la plupart des fabricants de smartphones recommandent de ne pas le laisser se décharger complètement, afin de ne pas endommager la batterie. L’idée, alors, pour un fonctionnement optimal, est de toujours rester dans une zone entre 20 % et 80 % de batterie.

Enfin, il convient d’éviter de laisser son téléphone en charge toute la nuit et il vaut mieux ne pas le recharger via le port USB de l’ordinateur mais, plutôt, préférer la prise murale. Le chargeur branché sur une prise électrique délivre, en effet, plus d’énergie à la batterie, en moins de temps. Bien sûr, le mode « économie d’énergie » est une excellente option à utiliser davantage, pour que la batterie se décharge moins vite.

Dans le même genre, pourquoi ne pas réduire un peu la luminosité de vos écrans ? Vous verrez, cela ne changera en rien le confort. Toujours dans un souci d’économie de l’énergie, cochez l’option de mise en veille automatique après dix minutes inactives. Sachez, enfin, qu’une utilisation en Wi-Fi est moins gourmande qu’en 4G. Dans l’idéal, et même si l’on en convient c’est rarement pratique, préférez une connexion par câble Ethernet : c’est encore ce qu’il y a de moins énergivore.

3/ Surfer sur le web intelligemment

Bien sûr, cela manque peut-être de politesse. Mais le « oui, bien reçu merci » en réponse à un courriel est-il vraiment utile ? La réponse est non si l’on a en tête l’empreinte carbone de l’envoi d’un courriel. Dans tous les cas, limitez les pièces jointes. Si vous n’avez pas le choix, compressez vos fichiers pour en diminuer la taille et, surtout, optez pour des fichiers éphémères : oui, ce n’est pas pour vous embêter si les envois sont, sur des nombreuses plateformes, conçus pour être limités dans le temps…

Pour les requêtes web, une utilisation « responsable » demande que vous inscriviez directement le nom du site qui vous intéresse dans la barre d’adresse plutôt que dans n’importe quel moteur de recherche. Cela évite quelques clics qui, tous mis bout à bout, forment de grands fleuves de pollution… 

Enfin, ne multipliez pas les onglets ouverts sur internet. En effet, sans que l’on s’en rende compte, les pages se réactualisent régulièrement, et c’est donc autant de consommation « cachée » dont on peut facilement se passer.

4/ Des vidéos, oui, mais pas n’importe comment

Pour visionner des vidéos, pensez à télécharger plutôt que streamer et, dans tous les cas, évitez les visionnages en haute-définition. Vous verrez, dégrader un peu l’image ne changera absolument rien et ce sera moins mauvais pour la planète. Veillez, aussi, à désactiver la lecture automatique en fin de visionnage, pour éviter de lancer une vidéo dont vous n’avez que faire.

Même jeu avec la musique : téléchargez-la autant que possible et, surtout, écoutez-la simplement en audio en vous passant du clip que, de toute façon, vous ne regarderez pas la plupart du temps.

5/ Faire le tri dans la vos photos et éviter les synchronisations inutiles

Conserver ses photos favorites, oui, mais toutes sont-elles des souvenirs à absolument garder ? Outre le fait que cela libérera de l’espace sur votre smartphone ou votre ordinateur, supprimer les photos et vidéos inutiles évitera un trop-plein de consommation d’énergie. Il faut aussi désactiver les synchronisations automatiques, justement pour éviter qu’une photo sans intérêt soit conservée dans plusieurs endroits à la fois.

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