Et si on vous disait qu’il existe un club de foot engagé ?
Direction Nailsworth, un petit coin de campagne anglaise où les Forest Green Rovers (FGR) bousculent les codes du football traditionnel. Depuis leur montée en League Two (la quatrième division anglaise), les FGR n'ont cessé d’attirer les regards du monde entier, non pas pour leur palmarès, mais pour leurs engagements environnementaux. Plongeons dans les coulisses d’un club pas comme les autres.
Les Forest Green Rovers (FGR), « Green Army » ou encore « The Lawnmowers » sont un club de football anglais fondé en 1889, basé à Nailsworth, un petit village dans le Gloucestershire, à 40 km de Bristol.
D’abord nommée Nailsworth ; Forest Green Rovers, cette équipe a longtemps évolué dans les divisions régionales, avant de gravir les échelons du football britannique.
Grâce à plusieurs titres remportés dans les années 1990, le club atteint la Conférence (cinquième division), puis fait son entrée dans la Football League.
L’histoire écologique des Forest Green Rovers commence en 2010, avec l’arrivée de Dale Vince à la tête du club. Dès l’année suivante, le ton est donné : la pelouse devient certifiée bio, sans produits chimiques. Un geste fort qui marque le début d’une longue série d’initiatives audacieuses.
Derrière cette transition, plusieurs motivations : la vision militante de Dale Vince, la volonté de réduire l’empreinte carbone du football, mais aussi celle de prouver que l’écologie peut rimer avec performance. Grâce à des sponsors alignés sur leurs valeurs (Ecosia, Quorn), une médiatisation mondiale et des économies via les énergies renouvelables, les FGR prouvent que le sport peut devenir un levier d’action climatique.
En termes d’écologie dans le sport, Forest Green a déjà une longueur d’avance. L’un de leurs plus grands chantiers, leur futur stade, Eco Park, annoncé comme le tout premier stade de football au monde 100 % en bois.
Pensé par le célèbre cabinet Zaha Hadid Architects, le stade vise une empreinte carbone quasi nulle grâce à l’usage exclusif de bois issu de forêts gérées durablement. Mais aussi grâce à une orientation architecturale pensée pour capter la lumière naturelle et à une ventilation naturelle qui évite la climatisation. Le tout entouré de 500 arbres et 1,8 km de haies plantés pour créer une sorte de ceinture verte vivante autour du terrain.
En attendant sa construction (prévue pour les années à venir), les joueurs évoluent encore au New Lawn Stadium, lui aussi modifié pour tendre vers un modèle plus durable : panneaux solaires, tondeuses robotisées à énergie solaire, systèmes de récupération d’eau de pluie… Ici, tout est pensé pour optimiser au mieux les ressources.
À Forest Green, l’électricité vient directement du soleil et du vent. Le club fonctionne à 100 % grâce à des énergies renouvelables, produites en partie sur place, et en partie via, Ecocitry, un fournisseur d’énergie verte fondé par Dale Vince, président du club (et éco-activiste convaincu).
Sur le toit du stade trônent 180 panneaux solaires, qui assurent une bonne partie de la consommation énergétique du club, que ce soit pour les éclairages, les bureaux, ou encore la préparation des repas. Et quand le soleil fait grise mine (après tout, on est en Angleterre), c’est l’énergie éolienne qui prend le relais, fournie par les 74 éoliennes, réparties sur les 24 parcs éoliens d’Ecotricity.
Le club s’est donné pour mission d’être énergétiquement autonome. Le moindre équipement est optimisé : les ampoules sont LED, les systèmes de chauffage sont économes, et même les bornes de recharge pour voitures électriques sont alimentées par de l’énergie verte.
Résultat ? Non seulement les Forest Green Rovers réduisent drastiquement leur empreinte carbone, mais ils inspirent aussi d’autres clubs à revoir leur copie.
Chez Forest Green Rovers, rien n’est laissé au hasard même le gazon est vert. Là où la plupart des clubs utilisent des pelouses hybrides ou traitées à coups de pesticides, ici, tout est 100 % naturel et bio. Pas un gramme de produit chimique, pas un brin de plastique. La pelouse est certifiée végan, un détail qui peut surprendre, mais qui fait totalement sens dans la philosophie du club.
Le terrain est entretenu par une tondeuse robotisée fonctionnant à l’énergie solaire, qui se promène seule sur la pelouse comme un petit rover high-tech et silencieux. Pas besoin d’essence ni de main-d’œuvre : la technologie fait le travail, tout en respectant la planète.
L’eau utilisée pour l’arrosage est en partie récupérée de la pluie, grâce à un système de collecte installé autour du stade. Et quand il faut vraiment arroser, c’est fait de manière ciblée, avec des capteurs d’humidité et des horaires optimisés pour éviter l’évaporation inutile. Une pelouse qui boit juste ce qu’il faut.
Et pour nourrir cette pelouse, pas de produits chimiques : Forest Green utilise des engrais naturels à base d’algues, riches en nutriments, doux pour la terre, et surtout, totalement inoffensifs pour la biodiversité environnante.
En somme, le terrain de jeu devient lui aussi acteur de la transition. Un vrai terrain d’entente entre sport et nature !
À Forest Green Rovers, les spectateurs ne viennent pas seulement pour voir un match, mais aussi pour vivre une expérience culinaire éthique et savoureuse. Depuis 2015, le club a fait un choix radical : bannir tous les produits d’origine animale de son stade. Pas de hot-dogs, pas de fromage, ni même un peu de lait dans le café.
C’est une grande première dans le monde du football professionnel, et au-delà : Forest Green Rovers est le tout premier club au monde à proposer une offre 100 % végan à ses supporters, à ses joueurs, à son staff… tout le monde est logé à la même enseigne verte.
Pas question de sacrifier le plaisir : les burgers sont toujours là, mais ils sont à base de pois chiches ou de protéines végétales. Les wraps, les tacos, les brownies… tout est revisité version végane, avec un soin particulier pour le goût et la qualité. Résultat ? Même les supporters les plus sceptiques s’y laissent prendre.
Derrière ce choix, une conviction forte : la nourriture est un levier majeur dans la réduction de l’empreinte carbone. Selon le club, le simple fait de proposer un menu végétal permettrait de réduire jusqu’à 50 % les émissions liées à l’alimentation lors d’un match. Et à force d’initiatives, Forest Green Rovers est devenu une sorte de vitrine ambulante du véganisme dans le monde du sport.
Chez Forest Green Rovers, même le textile a une conscience écologique. Le club s’est lancé dans une aventure unique : produire des maillots de football responsable en textile recyclé qui respectent autant la planète que les performances des joueurs.
En 2020, Forest Green Rovers a dévoilé une nouveauté mondiale : le tout premier maillot de football fabriqué à partir de marc de café recyclé et de bouteilles en plastique. Oui, des grains de café usagés sont transformés en fibres textiles, ensuite mélangées à du plastique recyclé pour créer un tissu performant, léger et respirant. Et ça ne sent même pas le café.
Côté look, les maillots arborent un vert éclatant souligné de motifs inspirés de la nature : zébrures de tigre, vagues végétales, ou encore empreintes de feuilles. Le but ? Créer une identité visuelle forte et immédiatement reconnaissable, à l’image de leur engagement.
Le maillot devient ici un porte-voix écologique, un moyen d’interpeller les supporters, les joueurs et les autres clubs. En choisissant des matériaux innovants et en bannissant le polyester vierge, Forest Green Rovers prouve qu’il est possible d’allier performance, esthétique et durabilité.
À Forest Green Rovers, l’engagement ne s’arrête pas aux portes du stade. Le club agit aussi sur l’un des plus gros postes d’émissions dans le sport : les déplacements. Et il le fait avec autant de conviction que d’inventivité.
Pour accéder au stade, les supporters sont encouragés à venir à pied, à vélo ou en transport en commun. Un parking vélo sécurisé est disponible, et le club met à disposition des navettes électriques gratuites les jours de match. Résultat ? Une affluence qui ne rime plus avec embouteillages et CO₂.
Côté staff et joueurs, même logique : l’équipe officielle roule exclusivement en véhicules électriques, grâce à un partenariat avec Electric Zoo. Pas de voitures thermiques dans le parking du club, une première dans le monde du football professionnel.
Et pour aller au bout de la démarche, le stade met à disposition trois bornes de recharge alimentées par l’énergie solaire, permettant aux visiteurs de recharger leur voiture pendant le match, avec une énergie propre et locale. Pratique, non ?
Chez Forest Green Rovers, la neutralité carbone n’est pas un objectif lointain, c’est une réalité. Le club a mis en place un suivi précis de ses émissions, et agit pour les réduire à la source… avant même de penser à les compenser.
Depuis plusieurs saisons, le club réalise un bilan carbone complet, prenant en compte :
Un niveau de transparence qui permet d’ajuster les actions en temps réel.
Pas question de se contenter de planter des arbres pour « effacer » ses émissions : la priorité reste la réduction. Cela passe par :
Ce n’est qu’une fois ce travail de fond accompli que le club s’autorise à compenser le résiduel incompressible, via des projets certifiés, comme la reforestation ou les énergies renouvelables à l’international.
Résultat ? En 2018, Forest Green Rovers a été officiellement reconnu par l’ONU comme le premier club de football écologique neutre en carbone. Un label qui n’est pas simplement honorifique, mais qui récompense des efforts réels, traçables, et pérennes.
Forest Green Rovers n’est pas un simple club de football. C’est un manifeste vivant. Un manifeste qui prouve que sport de haut niveau et respect de la planète peuvent non seulement cohabiter, mais s’enrichir mutuellement.
Loin du greenwashing ou des promesses vagues, le club de Nailsworth agit avec cohérence, de la racine (le terrain de jeu) jusqu’à la cime (les décisions stratégiques). Chaque geste, chaque partenariat, chaque innovation vise à réconcilier la passion du jeu et l’urgence écologique.
Et ce qui est sans doute le plus beau dans cette aventure ? C’est qu’elle ne s’arrête pas sur la pelouse. Forest Green Rovers inspire : des clubs amateurs, des supporters, des marques et même des écoles à éduquer les plus jeunes sur l’écologie à travers le sport durable.
Si l’Angleterre peut se targuer du modèle pionnier des FGR, la France n’est pas en reste en matière d’initiatives écologiques dans le football.
Depuis 13 ans, le tournoi Foot Éolien réunit les acteurs de la filière éolienne ( développeurs, assureurs, bureaux d’étude ) autour d’un tournoi de football dans une ambiance conviviale et engagée. Même si aucun club pro n'est directement lié à un parc éolien, l'événement incarne la volonté de la filière de lier transition énergétique et sport.
Du côté du solaire, l’Olympique de Marseille (OM) et l’Olympique Lyonnais (OL) ont installé des panneaux solaires sur leur bâtiment.
L’OL va même plus loin avec 20 ruches autour du stade pour favoriser la biodiversité et produire du miel local.
Si aucun club français n’égale (encore) le niveau d’engagement des Forest Green Rovers, les initiatives se multiplient. Le solaire domine les projets, la mobilité durable gagne du terrain, et le foot éolien symbolise l'engagement d’une industrie entière. Un terrain fertile pour un football plus vert… et peut-être un jour un "FGR à la française".
